Ce tournoi pourrait être ébranlé par un véritable tremblement de terre en entrant dans sa phase d'ébullition. A l'orée de la dernière ligne droite, le constat est que les valeurs se nivèlent, les théories comme les passions s'universalisent. Une évolution qui ne fait que confirmer le patron de l'instance dirigeante dans ses convictions en permettant à l'Asie d'organiser son premier Mondial en attendant que l'Afrique l'accueille en 2010. Sans aucun doute, le plus riche en surprises de l'histoire de la compétition il faut d'ores et déjà s'attendre à de nouvelles surprises. Les chocs qui se sont enchaînés jusqu'à présent ont fait tressaillir l'ordre établi du football mondial, mais la Coupe du monde pourrait être ébranlée par un véritable tremblement de terre en entrant dans sa dernière phase. Sur les trente-deux de départ, il ne reste plus que huit. Au nombre des disparus figurent la France, champion sortant, et deux favoris: l'Argentine et l'Italie, qui pèsent à eux seuls cinq Coupes, près du tiers des titres décernés. Parmi les rescapés, un néophyte, le Sénégal, un presque débutant, la Turquie, deux habitués des seconds couteaux, la Corée du Sud et les Etats-Unis, un spécialiste des rendez-vous manqués, l'Espagne, et seulement trois monuments, l'Angleterre, l'Allemagne et le Brésil. Le Sénégal, pour sa première participation, atteint les quarts de finale, un niveau qu'aucun représentant africain n'a encore jamais dépassé. La Corée du Sud, en cinq tentatives antérieures, n'avait encore jamais remporté la moindre victoire. La Turquie avait fait une intrusion en 1954, mais, depuis, elle avait connu une traversée du désert. Demi-finalistes en 1930 dans un Mondial jamais organisé, les Etats-Unis ont figuré ensuite à cinq reprises dans le tournoi final, mais en ne parvenant qu'une fois à passer le premier tour, chez eux. Les quarts auront beau commencer par un classique, Angleterre-Brésil, l'épicentre du Mondial risque bien de se trouver ailleurs. Les autres matches réservent en effet d'ores et déjà des soubresauts. Alors, pourquoi les quatre équipes qui n'avaient jamais atteint ce stade d'un Mondial (Corée du Sud, Sénégal, Turquie et Etats-Unis) n'amplifieraient-elles pas la magnitude de ce mouvement? Le fabuleux -- une «petite» équipe peut-elle gagner le Mondial 2002? --commence en tout cas à prendre forme dans les esprits. Car l'une de ces équipes au moins arrivera certainement dans le dernier carré, puisque le Sénégal et la Turquie s'affrontent en quarts de finale. Le compte à rebours avant la finale du 30 juin à Yokohama commence demain à 7h30 heure algérienne à Shizuoka, avec la principale affiche des quarts entre l'Angleterre et le Brésil où les quadruples champions du monde entendent décrocher une troisième place consécutive en finale. Mais la logique a quitté ce tournoi. La seule chose qui est sûre, c'est donc que les vainqueurs de ce quart rencontreront en demi-finale le Sénégal ou la Turquie, qui s'affrontent samedi à Osaka. Les Lions de la Teranga, qui ont créé la première secousse de cette Coupe du monde, aimeraient devenir les premiers Africains à atteindre une demi-finale mondiale. Ce serait un exploit dans l'exploit pour ces novices du Mondial. La capacité de l'Espagne de contenir une Corée du Sud soutenue à domicile par son public dépendra quant à elle des adducteurs de Raul. Mais les Diables rouges, déjà censés ne pas atteindre ce stade de la compétition, se sont montrés capables de battre le Portugal, la Pologne et l'Italie. Alors pourquoi pas contenir la fougue des Toréadors? Enfin l'Allemagne va devoir disputer une rencontre qui aurait été considérée comme une formalité avant le coup d'envoi de ce Mondial. Mais les Yankees ne l'entendent pas de cette oreille. Dans un monde normal, on pourrait parier sur un dernier carré composé du Brésil, du Sénégal, de l'Espagne et de l'Allemagne, mais ne soyons pas surpris si l'Angleterre, la Turquie, la Corée du Sud et les Etats-Unis accèdent au prochain tour.