Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, est le premier président de parti à annoncer officiellement sa candidature à la course au palais d'El Mouradia en 2009. Pour lui, le peuple n'appartient pas au pouvoir mais c'est le pouvoir qui appartient au peuple. Dans cet entretien, il revient sur la crise que traverse son parti, ses aspirations électorales ainsi que d'autres questions. Ecoutons-le. L'Expression: Votre formation traverse actuellement une crise. C'est bien cela? Moussa Touati: Non, je ne reconnais pas que mon parti vit une crise car les personnes, qui sont derrière ce que vous les journalistes appelez crise, sont des personnes étrangères au FNA. Ce qui se passe actuellement dans notre parti ne sont que des petits problèmes sans aucune incidence sur notre avenir. Ce sont des personnes qui sont venues d'autres formations dans le seul objectif de nuire à notre formation. Ce sont, en fait, des opportunistes et des nomades politiques qui se déplacent d'un parti à un autre. Je vous cite l'exemple de l'affaire Djillali qui a démissionné du FNA en 2006 et qui est venu, je ne sais en qualité de quoi, organiser un congrès extraordinaire et s'autoproclamer président du FNA. Leur seul but est de déstabiliser notre parti et ils ne le feront jamais. Je crois que le FNA est un parti solidaire et la preuve est que tous les militants sont là. Suite à ce congrès de Aïn Defla, ils étaient des centaines à faire le déplacement pour constater de près ce qui se passe. Ils sont venus d'un peu partout et c'est cet élan qui m'encourage le plus à aller de l'avant. Je vous réaffirme encore une fois, que ces faux problèmes n'entament et ne compromettent en rien nos positions. N'est-ce pas que le fait d'accepter des nomades politiques dans votre parti est la grosse erreur que vous avez commise? Oui, je crois que c'est là notre grande erreur comme on n'en a jamais commis. En fait, c'est le problème auquel on s'attelle actuellement à régler. Ils étaient là, ils sont partis pour faire le tour des partis puis ils sont revenus et, comme si de rien n'était, on les a acceptés et même présentés dans nos listes pour les élections. On a pensé que nous sommes un jeune parti qui a réussi de bons résultats et que c'était notre programme qui les a attirés et non autre chose. Mais, finalement, après ce qui s'est passé, on a compris qu'il ne s'agit que d'une bande d'opportunistes et que les partis qui les ont chassés et expulsés n'avaient pas eu tort. Ce sont des gens qui ne servent en rien ni leur parti, ni la société, ni même la démocratie. Ils nuisent à tout, y compris aux principes du jeu politique et à l'intérêt de la nation. En fait, ce sont des défaillances qu'on va étudier et régler prochainement. Vous êtes le premier à annoncer officiellement votre candidature à la présidentielle de 2009. Comment comptez-vous aborder cette échéance? Permettez-moi tout d'abord de vous signifier que ce n'est pas Moussa Touati qui s'est autoproclamé candidat, mais c'est l'ensemble des militants et des cadres du parti qui m'ont sollicité de le faire. Donc c'est durant le 2e congrès du FNA, qui s'est tenu le mois de décembre 2007, que nous avons décidé de nous présenter à cette échéance. Le FNA a réussi, comme vous le savez, en peu de temps, à se frayer une place dans l'architecture politique nationale et on a réussi à s'imposer dans l'échiquier étant donné que nous sommes la 3e force politique du pays. Le FNA qui est avant tout un parti politique et non une association à caractère social, est un parti dont la mission est de convaincre le citoyen algérien à aller de l'avant pour imposer le changement. On veut offrir un nouveau départ pour la construction de l'Algérie de demain. En tant qu'opposant, nous ne ménagerons aucun effort pour défendre les droits de notre population. Je vous dis également que nous préparons cette échéance dans une confiance et une sérénité totales et c'est dans ce climat qu'on abordera l'élection présidentielle de 2009. Croyez-vous que les conditions actuelles jouent en votre faveur lors de la prochaine élection? Je crois que les conditions politiques n'ont pas beaucoup changé depuis 2004, mais je dis également que ce n'est pas propre à l'Algérie. Si je comprends bien votre question, vous faites allusion à la re-candidature du président en place. Vous le savez, chaque pouvoir dans le monde aspire à défendre ses aspirations et sa pérennité et c'est logique et légitime. Et il va de soi que le pouvoir algérien ne déroge pas à la règle. Pour nous, du moins pour moi, je crois que le seul décideur dans ces joutes sera le peuple. Au FNA, nous croyons toujours au peuple et notamment, aux jeunes Algériens. On espère qu'ils seront présents en force pour dire leur mot et prendre la défense de leurs intérêts. C'est pour dire que le pouvoir appartient aux Algériens et non que les Algériens appartiennent au pouvoir. On comprend que vous croyez dur comme fer en vos chances d'être élu... Je ne crois pas en mes chances mais je crois au pouvoir du peuple qui pourra créer la surprise et imposer le changement. On croit au peuple car c'est lui qui est directement concerné et c'est lui qui va faire valoir ses aspirations durant cette élection. Pour tout vous dire, je dis que j'y crois. Si jamais M.Moussa Touati est élu président de la République, qu'allez-vous faire en premier lieu? Dans le cas où je serais élu président, la première des choses que je ferais, c'est de rendre la confiance au peuple et lui donner la chance de participer activement dans la gestion de son Etat. Mon objectif c'est d'instaurer un véritable Etat de droit, d'égalité et de liberté où chacun peut croire que son avenir se trouve dans son propre pays. Je pense que c'est la chose la plus importante et la plus légitime tant sur le plan politique que social. Et dans le cas contraire? Dans le cas contraire, Moussa Touati restera toujours dans l'opposition pour défendre et nos intérêts et les intérêts de la population. Notre opposition ne sera pas radicale mais elle sera ce qu'elle est, c'est-à-dire une opposition constructive et positive. Vous avez rencontré, le premier décembre dernier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Qu'en est-il exactement? Oui, effectivement, j'ai rencontré M.Noureddine Yazid Zerhouni, lundi dernier dans l'après-midi. Il était question du congrès extraordinaire organisé par Djillali Abdelkhaleq à Aïn Defla. J'ai présenté tous les documents attestant que notre deuxième congrès, tenu le mois de décembre 2007 à Tipaza et au terme duquel j'ai été élu président du parti, était légal. Je lui ai également fait part des documents attestant que les organisateurs dudit congrès sont des personnes étrangères au FNA ainsi que la décision de la chambre administrative de la cour d'Alger qui nous a donné raison. Il m'a dit que son département ne reconnaîtra que la légitimité de notre 2e congrès et que ce qui s'est passé à Aïn Defla n'est qu'une erreur administrative. Il m'a fait comprendre qu'il est là pour appliquer la loi dans son intégralité. Et la conférence de 18 décembre prochain? C'est une conférence que nous tiendrons dans la wilaya de Tipaza. Elle va regrouper l'ensemble des membres du conseil national et des bureaux de wilaya. Durant cette conférence, nous nous attellerons à ficeler notre programme électoral. On présentera également les grandes lignes de la campagne électorale. Cette conférence sera consacrée aussi à l'installation du directoire de ma campagne ainsi que les directions de wilayas. On abordera également d'autres questions relatives au parti et à la scène politique nationale. M.Touati, quel est l'homme politique aussi bien national qu'international qui vous inspire? Au niveau national, il y a deux hommes qui m'ont marqué. Il s'agit des deux défunts Mohamed Boudiaf et Houari Boumediene. Au niveau international, je vous dis sincèrement que celui qui me fascine le plus est un peuple et non une personne. C'est le peuple américain qui s'est levé comme un seul homme pour choisir le changement et imposer son mot. Quel est votre chanteur préféré? Je n'ai pas une préférence particulière mais j'aime les chanteurs engagés, les chants patriotiques et la musique douce. Quelle est la capitale du Mozambique? (Rire)! Ça ne me revient pas. C'est qui... Je ne sais pas, c'est vous qui allez devenir président... Je pense que c'est Kampala. Et pour conclure? Je dis que le FNA est un parti solidaire. Nous invitons le peuple algérien à s'impliquer activement dans la politique pour prendre en main son avenir.On l'invite à prendre la décision une fois pour toutes et à rompre avec l'abstention qui ne sert en rien l'intérêt de la nation. N.B.: Kampala est la capitale de l'Ouganda. La capitale du Mozambique est Maputo.