La porte-parole du PT estime que le moment n'est pas propice pour ce genre de propos entre les hauts responsables de l'Etat. La sortie médiatique de Chadli Bendjedid et celle de Khaled Nezzar ont fait réagir Louisa Hanoune. «Les grands déballages commencent», a déclaré la secrétaire générale du PT, lors de la réunion de la commission des élus d'Alger, tenue jeudi dernier au niveau de son siège. Vraisemblablement préoccupée, Mme Hanoune s'interroge sur l'arrière-pensée de cette polémique et surtout son timing. «Pourquoi on en parle maintenant?», s'est-elle interrogée préoccupée. Pour elle, le moment choisi par ces deux leaders politiques pour des confessions n'est pas propice. «L'échéance présidentielle qui s'annonce nécessite un climat serein», a-t-elle soutenu en mettant en garde contre toute dérive. «Il faut savoir raison garder», a-t-elle averti avec constance. La porte-parole du PT est allée loin dans son analyse en donnant libre cours à ses interrogations: «Est-ce que cela ne constitue pas un danger pour le pays et l'existence de l'Etat? Y a-t-il une volonté de plonger le pays dans une crise?» L'oratrice ne dissimule pas ses craintes quant aux conséquences que pourraient avoir ces convulsions sur la présidentielle. Elle rappellera, dans ce sens, que la situation sur le plan économique et social n'est guère satisfaisante. C'est pourquoi elle plaide pour plus de retenue de la part des responsables qui ont eu à assumer les plus hautes responsabilités de l'Etat. En quoi les déclarations de Chadli et de Nezzar seraient-elles une menace pour la stabilité du pays? Celles-ci portent sur des révélations de faits historiques ayant marqué une certaine époque précise. Il serait donc excessif de crier «à la menace contre la stabilité du pays». Toujours dans le chapitre politique, Mme Hanoune a insisté sur l'amélioration de la situation sociale. «Le président doit donner des gages politiques et sociaux», a-t-elle martelé pour garantir un climat serein durant les élections. Pour le PT, la prise de «décisions audacieuses» à l'approche de l'élection présidentielle, contribuera à raffermir la cohésion sociale et à réunir les conditions pour la confrontation entre les programmes des candidats, à respecter le libre arbitre et à fermer la porte à toutes les manipulations. Evoquant la question des observateurs internationaux, Mme Hanoune avance deux choix: «Soit on fait appel à 53.000 observateurs pour l'ensemble des bureaux de vote, dit-elle, soit rien». La venue des observateurs internationaux exige de déployer des gros moyens pour assurer leur sécurité. Qui va assurer la sécurité de ces observateurs? s'est-elle demandé. Faisant allusion au RCD, elle explique: «On ne peut pas faire confiance à l'Etat qu'ils accusent de vouloir frauder.» La première responsable du PT pense que la solution idéale est de revoir la loi électorale. «Il faut permettre aux représentants des partis d'assister aux opérations de dépouillement des urnes au niveau des commissions administratives», a-t-elle affirmé avant d'ajouter: «C'est la seule garantie pour assurer un scrutin transparent.» La conférencière reconnaît que la fraude est une pratique qui revient à chaque échéance. Sur le plan économique, Mme Hanoune a dressé un point global de la situation. Elle a demandé le gel de l'Accord d'association avec l'UE et l'évaluation de ce partenariat. «Les résultats de cet accord sont à 100% négatifs pour l'Algérie», a-t-elle indiqué. Comme elle a appelé à l'annulation du contrat de la cession de 50% du terminal du port d'Alger et de celui de Djendjen (Jijel), conclu avec le groupe Emirat. Le PT considère que la cession totale de l'usine Alver à une entreprise française est un «bradage scandaleux» et se situe «en contradiction avec les décisions du Conseil des ministres». Enfin, le parti multiplie ses réunions au niveau régional avant de réunir le comité central pour discuter du dossier de la présidentielle.