Selon la porte-parole du Parti des travailleurs, la démarche politique et économique du gouvernement porte les germes de la division et du chaos social. Louisa Hanoune n'est pas convaincue des réponses du chef du gouvernement aux députés et le fait savoir. Dans une conférence de presse tenue hier au siège de son parti, la porte-parole du parti des travailleurs a vivement réagi aux explications données par Ahmed Ouyahia mercredi dernier, suite au débat suscité par sa déclaration de politique générale au sein de l'assemblée populaire nationale. Les classant dans trois catégories différentes, énigmatiques, insuffisantes et irritantes, elle s'est élevée contre la persistance de l'exécutif dans des choix politiques et économiques néfastes pour l'avenir du pays. Comme à son accoutumée, la porte-parole du PT s'est inspirée de déroutes de plusieurs pays africains et sud-américains, dont la Bolivie ou le Nigeria, pour prédire un avenir tout aussi désastreux pour l'Algérie. Sur le plan politique, la main de Washington, à travers son plan de Grand Moyen-Orient (GMO), aiguille, selon elle, les orientations de nos dirigeants. Il en est ainsi, pense Louisa Hanoune, de la prise en charge par les pouvoirs publics de la plate-forme d'El-Kseur. Ce document qu'elle associe à un groupe autoproclamé — les archs (ndlr) — sème la division. De l'avis de la SG du PT, les velléités de partition de l'Etat tiennent également dans la décision du gouvernement de dissoudre les assemblées locales de Kabylie et d'y refaire des élections. Elles résident en outre dans un vague projet de création de zones pétrolières spéciales qui ne seront pas régies par le code communal. “Est-ce que ce seront les sociétés étrangères qui y prendront le pouvoir et feront travailler des enfants à leur aise comme cela se passe en Chine ?” se demande Mme Hanoune. Le sort des travailleurs, dans les champs pétrolifères et ailleurs, l'interpelle tout particulièrement. Battant en brèche les arguments défendus par le chef du gouvernement à propos d'une prétendue embellie économique, elle constate, pour sa part, que la précarité sociale gagne du terrain. Si pour M. Ouyahia, il n'y a eu que 400 licenciements en 2004, les estimations de la députée sont éloquentes. Citant le cas d'une entreprise de chaudronnerie reprise par une firme étrangère, elle confiera que ses 3 500 employés ont été remerciés. Cette saignée sera aggravée par la signature de l'accord d'association avec l'Europe. D'après la responsable du PT, 58 000 emplois sont menacés, dont 35 000 dans le textile. La politique de privatisation mise en œuvre par l'Etat est un avant-goût de l'anéantissement du tissu industriel national. Louisa Hanoune en est révulsée. Elle est consternée d'autant que, selon elle, l'Etat a procédé à la vente de 800 entreprises viables sur un ensemble de 1 200. Comment dans ces conditions, s'interroge la pasionaria, prétendre l'amélioration du niveau de subsistance des populations et la baisse du chômage. “Le pouvoir d'achat a régressé de 1 000% (…) Une personne qui vend des cigarettes devant le marché du coin fait partie de la catégorie active”, ironise-t-elle. De son avis, l'adoption de lois, comme celle relative à l'eau, rogne davantage les acquis sociaux des couches démunies. Aussi, si sur le plan politique Mme Hanoune exige des autorités de prendre des mesures urgentes de sortie de crise, au niveau économique, elle leur demande de freiner la cadence des “réformes”. À l'inverse des privatisations, la consolidation des libertés syndicales et d'expression est, selon elle, une priorité. À ce propos, la SG du PT a réitéré son indignation quant à la criminalisation du délit de presse. SAMIA LOKMANE