Logeant dans des maisons de fortune, anarchiquement construites dans la zone industrielle depuis cinquante ans, les habitants, après les dernières pluies torrentielles qui se sont abattues sur la ville des Ponts, ont décidé de se prendre en charge. Ils comptent saisir les autorités locales pour réclamer leur évacuation dans des habitations décentes. Depuis le début des pluies, ces habitants vivent dans la crainte. Autant dire que leurs nuits sont agitées en raison de la crainte de voir leurs maisonnettes s'effondrer. Le danger est permanent. Les murs sont profondément fissurés à cause du passage, à proximité, des trains. En outre ces habitations se trouvent dans une zone traversées par une énorme conduite des eaux usées, où se déversent, en pareille circonstance, celles des cités Filali, Ben Boulaïd et le 20-Août. Leur santé est dangereusement menacée. Pourtant, ces habitants n'ont jamais cessé de réclamer aux pouvoirs publics leur prise en charge pour l'attribution logements ailleurs. En vain. Toutes les démarches entreprises dans ce sens n'ont jamais eu de suite. Il n'en demeure pas moins que des opérations de recensement ont été effectuées, mais aucun programme ne leur sera accordé. Les conditions indignes dans lesquelles vivent ces familles ont conduit à des mouvements de protestation devant le siège de la daïra, mais c'est au tribunal que les contestataires ont été conduits, après leur interpellation par les forces de l'ordre pour attroupement illégal. Même les demandes pour la construction d'un habitat décent leur ont été refusées. Devant de pareils cas, comment les autorités vont-elles réagir si par malheur un incident s'y produirait? La misère de ces habitants n'est pas la seule que compte la soi-disant capitale de l'est du pays. Les habitants de Bardo, qui ont été sommés de quitter leurs maisons, représentent un cas particulier. Ils sont dans la rue depuis plusieurs mois sans que personne ne prenne la peine de soulager leur désarroi. Pour les autorités, ces familles n'ont pas droit à un logement. Et pourtant, ils avaient un toit. Tant de mépris et d'injustice ne peuvent que conduire à l'irréparable, et cela s'est déjà produit avec le décès par hypotermie d'un vieillard âgé de plus de 60 ans. Le contexte ne trouve pas de description fidèle. Une troisième tranche a été programmée le mois dernier pour l'évacuation de ces habitants. mais rien n'a été fait. Certaines familles seront, certes, relogées, mais quel sera le sort de plusieurs autres?