Il faut réduire les dépenses de l'Etat, revoir le prix de référence du baril dans la loi de finances et enfin baisser la facture des importations. Imprévisible et capricieux, l'or noir est à son plus bas niveau depuis janvier 2005. Après plusieurs mois de yo-yo déroutant, le voilà qu'il chute sous la barre des 40 dollars. Ce retournement soudain des cours pétroliers donne désormais des sueurs froides au gouvernement algérien, lequel compte élaborer au moins trois scénarii à même d'atténuer un effet boomerang inéluctable. C'est là une évidence surtout que l'inquiétante évolution des marchés pétroliers semble plus que jamais contrarier les projets de l'Etat, lequel est théoriquement contraint à revoir à la baisse sa politique de dépenses tous azimuts. En fait, en Algérie, le glas sonne pour les bacchanales. L'heure, pour le gouvernement, est aux grands choix stratégiques, ceux à même d'offrir des alternatives au recours exclusif à la traditionnelle manne générée par le Brent. Aussi, les cours qui ont perdu plus de 100 dollars depuis leur record du 11 juillet dernier, à plus de 147 dollars, obligent-ils aujourd'hui le gouvernement à revoir en priorité sa copie. Notamment à propos de la loi de finances 2009 qui établit le prix de référence du baril sur la base de 37 dollars. Un barème bien équivoque quand l'on sait que des analystes prédisent que «le pétrole risque de tomber sous la barre des 20 dollars en 2009». De fait, l'Algérie semble se diriger tout droit vers la zone rouge et voit s'ébranler bien des assurances. En effet, un pétrole à moins de 20 dollars le baril, affecterait sérieusement la croissance de l'économie nationale et réduirait l'importance d'un éventuel troisième plan de relance économique actuellement en élaboration. La sagesse voudrait donc que les dépenses publiques, le train de vie de l'Etat et autres budgets de fonctionnement soient révisés afin d'atténuer un impact qui pourrait être des plus désastreux. Aussi, maintenir des coûts superflus comme entretenir toutes les charges mortes liées à l'entretien des fonctionnaires, serait pure gabegie. Que d'économies pourraient donc être engrangées si à côté venaient à être drastiquement réduits à l'instar des résidences d'Etat, voitures non remboursables et autres factures d'hôtels et de portables ou encore de bons d'essence, acquis «aux frais de la princesse», alors que les classiques primes de représentation pourraient largement suffire à couvrir les besoins de nos cols blancs. Par ailleurs, estiment des observateurs, «à quelque chose malheur est bon», comme dit l'adage. La crise qui se profile devrait, avant tout, servir d'enseignement à nos gouvernants et au commun des citoyens et restaurer définitivement la valeur travail. Une notion intimement liée aux dépenses publiques et à la fameuse question des salaires. Ce qui rappelle à juste titre la sentence pleine de vérité de l'actuel Premier ministre, Ouyahia. Penser à l'après-pétrole est devenu chose incontournable, disait justement M.Ouyahia qui s'exprimait, en marge de la cérémonie commémorative du 54e anniversaire du déclenchement de la lutte de Libération nationale, sur la crise financière, affirmant que cet événement a un avantage: il «nous rappelle que nous sommes gravement dépendants». Le seul moyen pour se mettre à l'abri des effets de cette crise reste le travail, a-t-il expliqué tout en lançant, «il faut qu'on travaille. Il faut qu'on cesse de penser que nous sommes devenus un pays riche et ne plus parler d'aisance financière». En un mot, il faut que la productivité suive, c'est-à-dire que le salaire devrait définitivement être tributaire de la force du travail si l'on veut espérer des lendemains qui chantent. L'autre ventre mou du pays n'est autre que ces doublons d'institutions qui deviennent carrément une aberration par ces temps qui s'annoncent difficiles. L'on en veut pour exemple un ministère du Travail assorti d'un ministère de l'Emploi, et leur corollaire d'armées de fonctionnaires à entretenir. L'autre exemple frappant d'un secteur tertiaire budgétivore est celui de la poste. Quels motifs poussent, en effet, nos responsables à continuer de payer des divisions entières de facteurs alors que le courrier n'arrive pas? En définitive, il est plus que temps que le pétrole laisse place à d'autres sources de richesses. Pour atteindre pareil objectif louable, nos gouvernants doivent non seulement s'armer de volonté politique mais songer à des alternatives idoines. De même qu'ils doivent s'unir pour annihiler bien des résistances au changement. Ce dernier qui sera, dans le meilleur des mondes, induit par des recettes de substitution lesquelles pourraient jaillir de créneaux assurément porteurs et prometteurs comme l'agroalimentaire, le tourisme, l'économie numérique et la pêche, ce dernier domaine où le voisin mauritanien nous dépasse de loin. Autant de solutions qui impliqueraient une sensible baisse de la facture d'importation supportée par l'Etat.