Les deux pôles s'empressent de normaliser leurs rapports avec l'Algérie. La France préfère garder ses distances. La déclaration du département d'Etat américain, se félicitant de la tenue des élections législatives en Algérie, et la visite circonstancielle d'une délégation du Parlement européen, témoignent de l'intérêt que suscite dans la communauté internationale le processus de démocratisation en Algérie. Jeudi, les Etats-Unis se sont félicités, rapporte le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, de la tenue d'élections législatives en Algérie, en estimant que des «progrès vers une plus grande démocratie en Algérie» ont été enregistrés. Washington qui «suit le déroulement de ces élections de très près» presse «le Président Bouteflika et son gouvernement de poursuivre les efforts pour développer et renforcer la liberté d'expression, un pouvoir responsable et un processus politique transparent», ajoute le porte-parole. Un ton tout aussi chaleureux émane de la rencontre du président de la délégation du Parlement européen, M.Pere Esteves, avec le représentant du ministère des Affaires étrangères. M.Abdelaziz Ziari, ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l'étranger et de la Coopération régionale et M.Peres Esteves, ont qualifié, jeudi, d'excellents les rapports entre l'Algérie et l'Union européenne. Le chef de la délégation parlementaire européenne a, pour sa part, exprimé «l'intérêt particulier que l'UE porte à l'Algérie pour, à la fois, sa contribution active dans le processus de Barcelone et sa dimension stratégique au sein de la rive Sud de la Méditerranée.» En visite depuis le 27 mai et présente jusqu'à la prononciation des résultats du scrutin, la délégation a effectué, durant son séjour, une série de rencontres avec des acteurs politiques et sociaux algériens. Trois eurodéputés se seraient déplacés dans la wilaya de Tizi Ouzou pour juger de l'étendue du mouvement insurrectionnel dans la région. Il reste que pour une communauté internationale, dont la préoccupation première est d'instaurer un climat de stabilité politique dans les pays à hauts potentiels d'implosion sociale, le pouvoir en place est de loin le meilleur interlocuteur. Le processus de légitimation des institutions de la République, entamé en 1995 avec l'élection de Zeroual et qui se trouve renforcé par ce dernier épisode législatif, le conforte dans sa position d'interlocuteur démocratiquement acceptable aux yeux de la communauté internationale. L'accord d'association UE/Algérie, signé à Valence, le 22 avril dernier, sera d'ailleurs soumis au vote du Parlement européen au cours de la séance plénière de juillet à Strasbourg. La France examinera «avec attention» les résultats des élections législatives algériennes, déclarait hier M.François Rivasseau en ajoutant que ces élections sont «un moment important de la vie politique en Algérie.»