L'Etat veut mettre en place des mécanismes internes appropriés pour garantir les droits et libertés du citoyen. L'Algérie a fêté, hier le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. A cette occasion, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a souligné dans un message toute la symbolique que revêt cet événement. Affirmant que l'Algérie était partie à la quasi-totalité des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, il a indiqué que l'Etat veut garantir les droits et libertés du citoyen par la mise en place de mécanismes internes appropriés. «Par la mise en place de mécanismes internes appropriés, nous voulons garantir les droits et libertés du citoyen algérien dans leur totalité et leur diversité et les faire appliquer aux différents aspects de la vie sociale et de la citoyenneté dans leurs dimensions individuelles, civiles et politiques, ou collectives, économiques, sociales et culturelles», a souligné le chef de l'Etat. Par ailleurs, M.Bouteflika a affirmé que l'Algérie qui marque la permanence de son attachement aux principes et valeurs universelles proclamés par cette Déclaration, reste fermement attachée au triptyque de ses références qui sont l'Islam, l'amazighité et l'arabité. En outre, le chef de l'Etat a noté que la révision des divers codes et textes législatifs et réglementaires «a eu pour but d'assurer un meilleur encadrement et une protection plus efficace des droits de l'homme, conformément aux normes internationales et aux engagements conventionnels du pays». «Pour autant, a-t-il ajouté, la pleine réalisation des droits de l'homme et leur jouissance par les citoyens dans leur vécu quotidien demeure un idéal à atteindre». A atteindre, car il reste beaucoup à faire dans ce domaine. En effet, elles seraient des milliers, les femmes qui - même protégées par le Code de la famille, lequel est appelé à être révisé et rehaussé par la nouvelle Constitution - continuent de souffrir subissant le joug du mari, du frère et autres proches. Dès lors, la femme n'a toujours pas la place qui devrait être la sienne dans la société, cela malgré des textes sans doute en phase avec la réalité du pays, mais dont l'application reste problématique. Les enfants de même, pour lesquels une stratégie nationale pour la protection de leurs droits existe, continuent cependant, de subir l'humiliation, la maltraitance ainsi que tous les fléaux sociaux et de voir leurs droits, reconnus pourtant par la loi, bafoués. Dans son dernier rapport, Amnesty International a dressé un bilan peu reluisant de la situation des droits de l'homme en Algérie. Les victimes du terrorisme, les prisonniers et les disparus sont, eux aussi, victimes de toutes sortes de dépassements sur leurs droits. Les déclarations des officiels sont rassurantes mais la réalité du terrain, constate le Dr Abbas, président de la section Algérie d'Amnesty, est tout autre. Dans le même ordre d'idées, il est à souligner que le président de la République avait exhorté, le 25 novembre dernier, à l'occasion du Conseil des ministres, le gouvernement à finaliser, dans les plus brefs délais, les dossiers des personnes concernées par les mesures prévues par la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale parmi lesquelles figurent les victimes de la tragédie nationale et les disparus. «L'ensemble des dossiers des personnes concernées par ces mesures ont été déposés devant les administrations compétentes dans les délais fixés par la loi, et la grande majorité a déjà été traitée et réglée», avait-il alors signalé. La situation n'est pas si rassurante. Le chef de l'Etat avait, lui-même, relevé les «lourdeurs bureaucratiques» et les «négligences». Il a, par ailleurs, indiqué qu'un certain nombre de cas restent en instance du fait de ces lourdeurs bureaucratiques et parfois de négligence de la part des requérants. Ces cas seront, selon Mme Nouara Saâdia Djaâfar, ministre délégué à la Famille et à la Condition féminine, réglés dans les meilleurs délais car, a-t-elle récemment déclaré: «L'Etat ne laissera aucune victime du terrorisme et prendra en charge la question des disparus.» Cet état de fait a fait dire au président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh) que notre pays est dans la bonne direction au sujet des droits de l'homme. «A mon avis, la Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale est une grande réalisation en matière des droits de l'homme, car il ne faut pas oublier que le droit le plus élémentaire du citoyen est le droit à la paix civile», a-t-il déclaré. Concernant les indemnisations des victimes du terrorisme, M.Ksentini a reconnu, hier, à la Radio, qu'il y a encore des choses qui n'ont pas été faites à cause, notamment de la bureaucratie.