Il y a dans cette affaire beaucoup de zones d'ombre. L'assemblée générale élective de la Ligue nationale de football n'aura pas lieu mardi prochain. Ainsi en a décidé la Fédération algérienne de football qui n'a même pas eu besoin de rédiger un communiqué pour l'annoncer. L'opinion sportive a pu l'apprendre par un tout petit message sur les sites Internet des deux instances où il est précisé que «en concertation avec les services du ministère de la Jeunesse et des Sports et dans l´attente de l´ approbation des statuts de la LNF, la FAF informe que l´AG élective de la Ligue nationale est reportée à une date ultérieure». Un point c'est tout. Il faut dire que ce report ne doit pas surprendre, puisqu'il y a une semaine, le président de la FAF, Hamid Haddadj, avait déclaré sur les ondes de la Radio nationale qu'une telle éventualité (le report) n'était pas à écarter et qu'il allait en discuter avec les services du MJS pour arrêter une démarche commune. La Fédération et le ministère se sont donc entendu pour remettre à plus tard cette assemblée générale. En fait, si surprise il y a, elle aurait du survenir le jour où le président de la Fédération a annoncé qu'il allait se concerter avec les responsables du MJS. Surprise pourquoi? Tout simplement parce qu'on a affaire ici à la seule Fédération qui n'a pas mis ses statuts en conformité avec le décret 05-405 relatif aux Fédérations sportives en raison du risque encouru par notre football à l'échelle internationale. On sait que ce décret autorise une certaine ingérence des pouvoirs publics dans les affaires des Fédérations, ce que la FIFA n'accepte pas. Après avoir longuement «bataillé» avec le MJS pour que la FAF ne soit pas touchée par l'application dudit décret, Hamid Haddadj use d'une démarche qui pourrait faire «grincer des dents» la Fédération internationale. Car qu'est-ce que la concertation avec les services du ministère sinon qu'un appel pour que ceux-ci s'occupent des affaires du football? Hamid Haddadj aurait grandement gagné à dire qu'il a pris lui même la décision de reporter l'AG élective de la LNF sans faire référence au MJS. En parlant de sa démarche auprès de celui-ci, il se met en porte-à-faux par rapport aux instructions de la Fifa. Imaginons, un seul instant, que cette dernière apprenne l'action du président de la FAF, n'y aurait-il pas un risque de la voir prendre des mesures envers notre football? Dans une déclaration faite, hier, à la Radio nationale, Ahmed Mebrek, président de la Ligue régionale de Annaba, membre du Bureau fédéral de la FAF et candidat à la présidence de la Ligue nationale, a révélé que la décision du report de l'AG élective a été prise par le président de la FAF et par lui seul. «Normalement, une telle décision aurait du être arrêtée par le Bureau fédéral, car il nous faut rester entre gens du football, a-t-il dit. Or, sans attendre la réunion du Bureau fédéral, Hamid Haddadj a pris sur lui de reporter cette AG. C'est là une démarche que j'ai du mal à comprendre.» L'autre candidat à la présidence de la LNF, Ali Malek, a abondé dans le même sens, ajoutant que «ce report cache des choses qu'on ne veut pas dévoiler. Ce que je remarque, c'est que la FAF active comme si cette Ligue n'avait jamais existé». Dans son «semi-communiqué», la FAF précise que le report est décidé «dans l'attente de l'approbation des statuts de la LNF». Il y a de quoi disserter sur ce passage. Toutes les Ligues sportives du pays, y compris celles du football, activent avec des statuts mis en conformité avec un décret qui date de 1996. Depuis cette année-là, il n'y a plus eu d'autres décrets sur les Ligues. Au moment de la promulgation de ce texte, la Ligue nationale de football n'existait pas. Elle n'a donc pas été prise en compte par le décret. Ce qui fait que lorsqu'elle a été créée, fin 1996, elle a élaboré des statuts propres à elle. Cette Ligue nationale, reconnue comme association nationale, n'était donc régie que par ses propres statuts et par la loi 90-31 sur les associations, qui est une loi de portée générale. Aujourd'hui, on nous annonce que des nouveaux statuts vont être élaborés pour cette instance. Ce qui paraît tout à fait normal puisque l'article 48 de la loi 04-10 sur le sport stipule que «les Ligues sont régies par des statuts-types établis par la Fédération». Mais alors la question primordiale se pose: pourquoi changer les statuts de la Ligue nationale et pas ceux des ligues régionales et de wilaya, elles aussi touchées par les dispositions de la loi sur le sport? De ce fait, ce sont les élections de toutes les Ligues sportives du pays, celles du football et celles de tous les autres sports, qui devront être refaites après amendements de leurs statuts pour rester dans l'esprit et la règle de la loi sur le sport. On ne peut pas appliquer pour l'un et déroger pour l'autre. La loi est la même pour tous, y compris celle qui consiste à amener la FAF à se plier aux directives du décret 05-405 sur les Fédérations sportives. Mais là, il s'agit d'une histoire encore bien plus longue sur laquelle on pourrait revenir.