Le vieux parti revient sérieusement aux affaires. Les résultats des élections législatives donnent une majorité absolue au FLN. Avec 199 sièges sur 389, le vieux parti revient sérieusement aux affaires. La formation de Benflis est d'autant plus à l'aise que pour la prochaine législature, il lui est aisé de contracter des alliances en position de force. En sortant victorieux de la dernière consultation électorale, le FLN est désormais seul maître à bord du bateau Algérie. Cela étant, la victoire de l'ex-parti unique sonne comme l'adage: «Ne restent dans l'oued que ses pierres.» En effet, en revenant en dernier recours au FLN, après 14 ans de «bouderie», les Algériens semblent avoir compris que le processus démocratique a besoin d'être conduit à son terme par une formation qui dispose d'un réservoir militant et d'encadrement, à même de garantir une certaine stabilité des institutions et un suivi sérieux des réformes engagées par le chef de l'Etat, lui-même enfant du FLN. Au lendemain du 30 mai, cette volonté de stabilité trouve toute sa signification, du fait que 14 partis en lice ont été effacés de la carte politique. Seuls 9 entrent à l'APN, avec en prime une majorité confortable pour un Front de libération nationale qui a su, contrairement aux autres partis, réussir sa mue et s'imposer dans une scène politique où ses adversaires ont tout pour le discréditer à jamais aux yeux de l'opinion. A ce propos, on avait beau rappeler les événements «spontanés» d'octobre 88, les électeurs ont donné, en ce 30 mai, une gifle magistrale à tous les détracteurs. En réalité, les Algériens ont eu, depuis l'avènement du pluralisme, tout le loisir de se rendre compte des «meilleurs sentiments» que leur voue la pléthore de partis qui sont venus fleurir la scène politique. Depuis 1989, les partis politiques naissent comme des fonds de commerces. En hibernation constante, ces formations ne se réveillent et ne s'agitent qu'à la veille d'élections. Sans programme précis, elles «descendent» sur le terrain avec leur seul culot à offrir. Elles distribuent sans vergogne des promesses comme on distribue des lots de consolation aux enfants. Aussitôt passés les rendez-vous électoraux, ces partis de pacotille retournent à leurs affaires qui se trouvent aux antipodes des soucis des électeurs. Pour mieux prospérer, il fallait tout faire pour écarter de la course le FLN qui avait conduit les Algériens à l'indépendance avant de les encadrer pour la reconstruction. Avec des fortunes diverses au fil du temps aussi vrai que «seul celui qui ne fait rien ne se trompe pas». Voici revenu le moment de vérité. Les Algériens sont majoritairement nationalistes. Ils viennent de le confirmer en rappelant aux affaires leur plus ancien parti. Les autres partis retenus auront le temps de cette législature pour prouver leur utilité. Pour éviter d'être balayés dès la prochaine consultation. Car la prise de conscience des électeurs est évolutive. Elle s'exprime aussi par le désintérêt. Par l'abstention. Le taux cette fois-ci est plus important qu'en 1997. Tout autre appel tardif au boycott ne sera qu'opportunisme. D'ailleurs, le refus des urnes et de leur sentence est symptomatique à cet égard. Et vive la démocratie ! Le tout et de faire la différence avec l'anarchie qui agit comme un parasite sur un corps aux défenses immunitaires incomplètes.La culture de la démocratie demande du travail et du temps. Elle ne se décrète pas comme elle l'a été en Algérie. Brutalement et avec violence. Avec le rappel à la rescousse du FLN, les Algériens ne rejettent pas la démocratie. Ils se donnent le moyen d'y être conduits sûrement et sérieusement par leur guide de toujours. Ils n'acceptent plus aucune aventure. La parenthèse ouverte en 1988 vient de se refermer. Les choses sérieuses commencent. C'est là la leçon du 30 mai!