Les pluies torrentielles qui s'abattent sur l'Oranie ont mis à nu toutes les lacunes d'une gestion défaillante des collectivités locales. Oran est sous les feux de l'actualité. Toutes les télévisions du monde feront le zoom sur la ville d'El-Bahia. Celle-ci volera la vedette à la capitale de l'Autriche, Vienne, en abritant demain, le Sommet de l'Organisation des pays producteurs du pétrole (Opep). La ville de Sidi El Houari a été choisie pour être La Mecque des experts et des ministres de l'Energie des pays membres de l'Opep. Elle sera prise d'assaut par les plus grosses pointures des treize pays membres du Cartel pétrolier. D'autres invités de marque sont attendus comme la venue du vice-Premier ministre russe. Cette visite de l'un des hauts responsables du Kremlin renseigne sur le poids de la réunion d'Oran dans la stabilité du marché pétrolier. La participation des pays non Opep tels que l'Azerbaïdjan, la Syrie et Oman, le confirme davantage. Un consensus pour la réduction conséquente de la production est sur le point d'être dégagé entre les pays membres. A combien sera estimée la baisse? Sera-t-elle inférieure ou supérieure à deux millions, c'est là la grande question qui laisse en émoi les pays occidentaux. «Demain, nous entendrons parler d'Oran sur toutes les chaînes de télévision», commente Kamel, cadre supérieur au niveau de la Fonction publique. Ce dernier fait appel à sa mémoire pour parler des années 70. «Ca me rappelle la belle époque où l'Algérie avait abrité la Conférence des pays non-alignés», indique-t-il. Les personne âgées voient, en ce sommet, un événement majeur. «L'Algérie marque son retour sur la scène internationale», a fait remarquer un sexagénaire croisé au siège de la wilaya. Or, ce sommet est loin de capter l'attention de la population. Mis à part les médias, la rue parle peu de l'événement. Ce qui saute aux yeux, lors d'un passage dans les ruelles de la ville, c'est plutôt la visite officielle du président de la République. Des banderoles, des drapeaux, des portraits du président sont affichés un peu partout au centre-ville. Le décor traditionnel du périple présidentiel éclipse la rencontre de ce mercredi. Les travaux de déblaiement et de revêtement se sont poursuivis hier, jusqu'à une heure tardive. Des agents de Netcom et ceux de l'assainissement étaient à pied d'oeuvre pour donner la meilleure image de la ville. Cependant, le mauvais temps a rendu la tâche difficile aux agents. Les pluies torrentielles qui s'abattent sur l'Oranie ont mis à nu toutes les lacunes d'une gestion défaillante des collectivités locales. L'état des routes s'est encore dégradé donnant une mauvaise image de la ville. «Tant mieux que la pluie tombe! le président pourra voir le vrai visage de la ville», se réjouit Lakhdar, un commerçant de fruits et légumes. «Enoue (la pluie NDLR) compromet tout projet de réhabilitation», ajoute-t-il. «Baraket le camouflage!», s'insurge son ami. Ces derniers ne sont pas les seuls. Beaucoup de citoyens se disent satisfaits que le mauvais temps dévoile la face cachée de la ville. «Le président pourra constater de visu la défaillance des responsables locaux», affirme un chauffeur de taxi. Malgré le tapage médiatique et les préparatifs, l'événement énergétique passe inaperçu pour la plupart de la population. Submergée par les préoccupations quotidiennes, celle-ci reste déconnectée de l'actualité. «En quoi ça nous regarde», affirme un gérant d'un taxiphone sis à la rue Castor. Mine défaite, l'air confus, ce jeune de 26 ans ne croit pas trop en l'avenir. «L'argent du pétrole n'a pas servi à grand-chose. Même avec des milliards de dollars, nous n'avons rien vu», murmure-t-il. De retour d'Allemagne, Abdou ne pense qu'à repartir ailleurs. «Nous n'avons ni loisir ni occupations nous sommes livrés à nous-mêmes», l'interrompt le gérant de taxiphone. Selon lui, les jeunes ne pensent qu'à s'aventurer dans une embarcation de fortune. Ce dernier reconnaît que beaucoup de chantiers et de projets ont été lancés sans que les jeunes soient intégrés. Effectivement, la ville a bénéficié d'un lot important de projets. Preuve en est, la visite du chef de l'Etat est la septième du genre. Lors de cette visite, le président aura un programme chargé. Au menu: inauguration, lancement et inspection de plusieurs chantiers dans le secteur de l'habitat, du transport, des travaux publics et de l'agriculture. Un bain de foule est prévu ce matin à l'avenue Larbi-Tebessi au centre-ville. Venu spécialement pour le rendez-vous de l'Opep, le Président, qui procédera à l'ouverture demain du Sommet, a voulu exploiter cette visite pour faire le point des chantiers lancés.