La septième visite qu'entreprendra le président Bouteflika à Oran s'annonce sous de mauvais auspices. Il y a d'abord la pluie abondante, qui risque de compromettre le bain de foule auquel tient tant le président de la République. Il y a, ensuite, la réunion de l'OPEP. Et il y a, enfin, la colère des “Hamraouas” qui s'exprime chaque jour un peu plus, notamment dans le stade et dans les écoles et qui prend pour cible principale le président Bouteflika. Des ingrédients en défaveur du chef de l'Etat qui aurait bien aimé entamer sa campagne électorale anticipée pour son maintien au Palais d'El-Mouradia, à partir d'El-Bahia. Le fait de faire coïncider sa visite de travail avec la tenue du sommet extraordinaire de l'Opep n'est pas pour rassurer une population oranaise qui ne croit plus aux promesses et exprime ouvertement son ras-le-bol. Le sommet de l'Opep est, certes, très important, dans la mesure où les recettes du pays en dépendront grandement. Mais pour le commun des Oranais, c'est leur quotidien, de plus en plus difficile à supporter, qui devrait être la priorité de la visite présidentielle. Le mécontentement est palpable, notamment chez les supporters du Mouloudia d'Oran qui, depuis le début du championnat, prennent un malin plaisir à insulter le président Bouteflika et le traiter de tous les noms d'oiseaux, au point d'exacerber le président du MCO, Kacem Ellimam, qui les a suppliés : “Pourquoi vous insultez le président ? Je préfère être insulté à sa place”. Ces chansons, d'une rare vulgarité, ont dépassé les murailles du stade Ahmed-Zabana, pour gagner les écoles où les élèves les reprennent quasi machinalement. Hier, en plein centre-ville, des grappes de jeunes, s'amusaient à les chanter, juste en face des agents communaux affairés à coller les affiches géantes du président Bouteflika. Les organisateurs craignent le bain de foule. Le passage du Président risque d'être chahuté par les jeunes mécontents. La pluie pourrait gâcher la tenue d'un “accueil populaire chaleureux”. Il est vrai que la ville est entourée d'un impressionnant déploiement des forces de sécurité. Tous les accès de la ville, toutes les grandes avenues et les lieux susceptibles d'être visités ou traversés par le Président, sont étroitement surveillés, pour ne laisser aucune place aux mauvaises surprises. La pluie et la neige qui s'abattent sur l'Oranie, depuis plusieurs jours, ont mis à nu les lacunes d'une non-gestion des autorités locales : routes inondées, y compris les principales artères du centre-ville, boue et grosses flaques d'eau rendent le quotidien des Oranais encore plus difficile. Et c'est dans ces conditions extrêmes que le président Bouteflika arrivera à Oran pour inspecter un certain nombre de projets lancés dans le cadre du programme quinquennal de développement. Au menu de cette septième visite d'inspection, le président devrait visiter le chantier de réalisation du Centre international de conférences de Sonatrach prévu pour abriter la 3e conférence internationale sur le GNL en 2010. Un projet somptueux, fort coûteux, mais qui ne changera en rien du quotidien des Oranais. La visite d'un projet de mise en valeur agricole à El-Kerma, celle d'un centre hospitalier à Haï-Bouamama, ou encore le projet de réalisation d'un tribunal et l'inspection d'un projet de réalisation du réseau d'assainissement du quartier de Yaghmourassen. Il fera une halte au pôle pétrochimique d'Arzew où il visitera notamment le projet d'une unité de fabrication d'engrais. La visite comportera, certes, un volet social, où le logement et l'université occuperont une partie de cette journée qui sera marquée par l'inspection d'une vingtaine de projets en tout. A. B.