Il est vraiment rare de voir un seul pays truster autant de titres dans des sports différents. L'Espagne a connu une année sportive 2008 exceptionnelle, «magique» même pour son secrétaire d'Etat aux Sports, Jaime Lissavetzky, avec des succès retentissants dans trois sports majeurs: football, tennis et cyclisme. Cet âge d'or du sport espagnol, qui a failli être prolongé dimanche par les handballeuses qui ont échoué en finale de l'Euro contre la Norvège, débouchera prochainement sur la création d'un ministère des Sports à part entière. «Nous faisons partie des meilleurs pays au monde. Grâce à vos succès, il est facile d'être dans le G8 du sport», avait lancé le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, en recevant les vainqueurs de la Coupe Davis de tennis, alors que l'Espagne ne fait pas partie du vrai G8. La Coupe Davis, brillamment remportée par l'Espagne en Argentine sans son meilleur joueur, Rafael Nadal, a été la cerise sur le gâteau pour le sport espagnol en 2008. Le premier quotidien généraliste du pays, El Pais, affirmait au lendemain de cette victoire, que les «succès sportifs» des Espagnols étaient la «meilleure vitrine» de l'Espagne à l'extérieur. Et ses meilleurs ambassadeurs s'appellent Fernando Torres, Rafael Nadal ou encore Alberto Contador. Fernando Torres, jeune attaquant qui rayonne en Angleterre (à Liverpool), est le symbole de la «Seleccion», qui a réalisé un parcours remarquable à l'Euro en Suisse et en Autriche, s'imposant en finale contre l'Allemagne (1-0, but de Torres) après avoir éliminé l'équipe championne du monde, l'Italie, en quarts de finale, et la Russie en demi-finales. L'Espagne, qui avait pris l'habitude de décevoir lors des phases finales des grandes compétitions, a mis fin à 44 ans de disette (depuis sa victoire à l'Euro-64). «Rafa» Nadal s'est, lui, hissé au sommet du tennis mondial, s'emparant de la première place du classement ATP aux dépens du Suisse Roger Federer. Il a confirmé sa domination sur terre battue en remportant un quatrième Roland-Garros consécutif et s'est senti tout aussi à l'aise sur le gazon de Wimbledon, où il a battu Federer en finale, et à Pékin (médaille d'or). Alberto Contador, qui a assisté aux JO au triomphe de son compatriote Samuel Sanchez, est entré dans l'histoire en devenant le cinquième cycliste à remporter au moins une édition de chacun des trois grands tours après ses victoires en Italie et en Espagne. Contador, vainqueur du Tour de France 2007, a manqué l'édition 2008 (Astana non invité), remportée par son compatriote Carlos Sastre. La moisson de trophées ne doit toutefois pas masquer le bilan plutôt décevant des athlètes espagnols aux JO. L'Espagne s'était fixé comme objectif de battre son record de 22 médailles obtenues en 1992 à Barcelone. Elle a dû se contenter de 18 récompenses. Et si en football l'Espagne a, certes, dominé le Championnat d'Europe des nations, c'est l'Angleterre qui a écrasé la plus prestigieuse des compétitions européennes de clubs, la Ligue des champions, avec trois clubs en demi-finales et le sacre de Manchester United.