Le tennis est-il un sport «populaire» ? La question mérite d'être posée d'autant plus que, d'une certaine manière, ce sport est réservé, si l'on se fie au statut social des spectateurs qui se rendent aux courts de tennis, chaque fois que l'occasion se présente, à une catégorie sociale bien précise. Du moins, c'est la profonde conviction de bon nombre de citoyens. Le «fils du peuple» préfère, lui, s'orienter vers le football, l'athlétisme, le judo ou le karaté, dira-t-on. Seulement, sur le terrain, et depuis plusieurs années, les choses ont considérablement changé. Quelques responsables de terrain de tennis ou de ligue locale ont affirmé que, même si cette «conviction» est toujours présente chez bon nombre de citoyens, elle ne reflète pas la réalité. Il est vrai que le prix des abonnements est parfois, sur certains sites, assez élevé pour les «petites bourses» mais cela ne les empêche pas pour autant de s'offrir des créneaux horaires afin d'initier leurs enfants à ce sport. Comme dans plusieurs autres pays, en Algérie, c'est le football qui attire le plus les jeunes. Donc, il est tout à fait normal que ces derniers se ruent beaucoup plus vers les stades. Il y a, également, le basket-ball, le handball, l'athlétisme ainsi que les sports de combat (karaté, judo …), pour ne citer que ceux-là, qui intéressent les jeunes. Mais le problème ne réside pas dans le fait que le tennis soit perçu comme un sport pour riches, mais le fait que les sports collectifs et de combat, de tout temps, ont été «encouragés». Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur les chiffres des différentes infrastructures sportives. Il est clair que les courts de tennis ne sont pas aussi nombreux que les terrains de football ou de handball, même si, leurs coûts sont de loin inférieurs. D'autre part, il faut dire que, depuis quelques années, des sport comme le tennis sont beaucoup plus médiatisés, et ce, avec la floraison des médias sportifs ainsi que l'implication grandissante du sponsoring. Actuellement, de plus en plus d'Algériens suivent les matches de Roland-Garros par exemple. Des milliers parmi eux, voire plus, ne peuvent plus rater une empoignade de finale animée par Nadal ou Fédérer. C'est cela qui a fait que le tennis est devenu plus «populaire» ces dernières années. D'ailleurs, de temps à autre, il y a toujours des clubs de tennis qui voient le jour. Il y a quelques semaines, un nouveau club de tennis est né à Chlef. Ses responsables se sont donné comme objectif de «vulgariser» la discipline. D'autre part, si l'accès aux courts de tennis reste très cher en Occident, cela n'est nullement valable pour l'Algérie. En général, lors des tournois organisés, nationaux ou même internationaux, l'accès aux terrains où se déroulent les compétitions est gratuit. Une manière comme une autre de tenter de «capter» le plus grand nombre de supporters. Cela a été aussi le cas lors du premier tour de la zone Euro-Afrique de la Coupe Davis, qui a eu lieu, au mois d'avril de l'année dernière, à Alger (5 juillet) et qui a opposé l'Algérie à la Hongrie (victoire de l'Algérie 3–2). Les autorités ainsi que les responsables du tennis, en Algérie, travaillent pour que ce sport soit accessible à tous. En dernier lieu, il est utile de relever que cette problématique autour du statut social des gens qui s'intéressent au tennis n'est pas propre à l'Algérie. Même en Europe, il y a des personnalités qui évoquent ce sujet. Il y a un peu plus de deux semaines, Gilles Moretton, ancien grand champion français et organisateur du grand prix de tennis de Lyon, a déclaré qu'il y a des pays européens qui manquent énormément d'infrastructures de tennis, à l'image de l'Allemagne ou de l'Italie. Il a ajouté que le problème chez eux est le fait que le tennis soit considéré comme un sport pour riches, d'où sa base restreinte. Il est vrai que le tennis est parmi les sports où circule beaucoup d'argent –pas autant que le football certainement– mais cela ne veut pas dire, pour autant, qu'il est exclusivement réservé aux riches. Et du moment que les courts de tennis, ceux des entraînements notamment où les jeunes pourront s'initier, ne coûtent pas autant qu'un terrain de football ou une salle omnisports, les responsables peuvent fournir plus d'efforts. Cela permettra, à coup sûr, l'émergence d'autres champions, comme Abdelhak Hameurlaïne ou Lamine Ouahab. A. A.