Le pouvoir du Président Bouteflika, sérieusement secoué au plan interne, sera renforcé par ce retour de sympathie. Les Etats-Unis, premier pays à réagir après les résultats du scrutin de jeudi, affirment «soutenir le développement démocratique» en Algérie. Même si en diplomatie on ne dit jamais ce qu'on pense, il n'en demeure pas moins que la célérité qui a marqué cette réaction officielle sonne comme un retour d'ascenseur de Washington à Alger. Le soutien sans réserve pour la lutte antiterroriste, exprimé par l'Algérie aux Etats-Unis après les attentats meurtriers du 11 septembre 2001, n'est pas resté lettre morte. Ce rapprochement s'est, en réalité, dessiné quelques jours après l'élection de Bouteflika à la présidence de la République. Lors de ses toutes premières déclarations, le chef de l'Etat a clairement affiché le droit de regard de l'Algérie vers l'Oncle Sam. En effet, il a exprimé sa volonté de débarrasser le pays du «cachet socialiste» hérité de l'ex-bloc soviétique et sortir par là même de l'emprise européenne. Il s'en est suivi, depuis la visite de Bouteflika aux Etats-Unis l'été dernier, le tête-à-tête Bush-Bouteflika, après les attentats du 11 septembre et la fameuse: «Je veux travailler avec vous» du président américain dans la lettre qu'il a adressée au Président Bouteflika. Aussi, le pouvoir de ce dernier, sérieusement secoué par la crise interne qui traverse le pays, sera renforcé par ce retour de sympathie. «Nous avons vu des progrès vers une plus grande démocratie en Algérie (...)», a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher. L'Administration Bush a-t-elle reçu des garanties selon lesquelles l'Algérie s'est engagée à poursuivre le processus de démocratisation? Quoi qu'il en soit, Washington a suivi de très près le déroulement du scrutin et les étapes qui l'ont précédé. Pour rappel, l'ambassadrice américaine en Algérie, Mme Janet Sanderson, s'est entretenue, il y a quelques mois, avec les partisans du boycott (RCD-FFS) et les participants à ces élections. Il faut noter enfin que les Etats-Unis excluent tout partenariat dans le cadre de l'OTAN avec un pouvoir aux mains des islamistes. Aussi, l'aubaine s'y prête merveilleusement bien pour l'Algérie où les islamistes sont réduits à leur plus simple expression dans le nouveau Parlement.