Le limogeage du Premier ministre Hussein par le président Yusuf a été rejeté par le Parlement de transition. Le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a engagé hier un bras de fer institutionnel en nommant un nouveau Premier ministre contre l'avis du Parlement, sur fond de montée en puissance des insurgés islamistes. M.Yusuf a annoncé hier avoir désigné un nouveau Premier ministre, Mohamoud Mohamed Gouled, pour remplacer Nur Hassan Hussein, pourtant confirmé dans ses fonctions lundi par un vote de confiance massif des parlementaires somaliens. «Le pays n'avait pas de gouvernement opérationnel et c'est pourquoi j'ai nommé un nouveau Premier ministre», a déclaré M.Yusuf lors d'une cérémonie à Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), où siège le Parlement de transition somalien. Le nouveau Premier ministre, un député peu connu, est un proche allié du président. Dimanche, le président avait annoncé avoir limogé le gouvernement et Nur Hassan Hussein, «incapable d'accomplir sa tâche». Celui-ci avait aussitôt contesté cette décision, rappelant que selon la Charte du gouvernement fédéral de transition, le président n'a pas le pouvoir de démettre le Premier ministre sans l'aval du Parlement. Les députés, réunis lundi en session extraordinaire à Baïdoa, ont apporté un franc soutien au Premier ministre limogé et au gouvernement (par 143 voix contre 20, et sept abstentions), les qualifiant de «légitimes». M.Hussein peut également compter sur le soutien des Etats-Unis, qui lui ont renouvelé leur «confiance» et sur celui de l'Union européenne qui a jugé la décision de le limoger «inopportune». Le travail des institutions de transition est paralysé depuis des semaines par des querelles entre le chef de l'Etat et le Premier ministre, alors que les insurgés islamistes gagnent du terrain dans le pays et que les discussions de paix piétinent. Un des ministres du gouvernement de M.Hussein, en charge de l'Agriculture, a qualifié de «mesure désespérée» la nomination d'un nouveau Premier ministre. «Hussein est le Premier ministre légitime de Somalie, reconnu par le Parlement. Il s'agit d'une mesure désespérée du président pour interrompre les efforts de paix en cours entre le gouvernement et l'opposition», a estimé Mustafa Duhullow. «Yusuf n'a rien contre Hussein en tant que tel, mais il n'apprécie pas ses efforts pour faire de la Somalie un pays pacifié», a-t-il ajouté. Les deux hommes sont notamment en désaccord sur la stratégie à suivre à l'égard de l'opposition islamiste. M.Hussein, 70 ans, a accédé au pouvoir en novembre 2007 et a depuis lancé un processus de paix, avec l'appui de la communauté internationale, qui a conduit à la signature, fin octobre, à Djibouti, d'un accord de cessez-le-feu entre son gouvernement et l'opposition dominée par les islamistes modérés. La Somalie est en guerre civile depuis 1991. La capitale Mogadiscio et un nombre croissant de régions somaliennes sont le théâtre depuis 2007 de violences meurtrières, opposant les forces gouvernementales et leurs alliés éthiopiens aux insurgés.