La seule question qui s'impose est de savoir si le Président de la République maintiendra ses ministres technocrates. Le Chef du gouvernement, M.Benflis, a été reconduit, hier, par le chef de l'Etat après avoir présenté sa démission. M.Ali Benflis est donc chargé de former un nouveau gouvernement dans les prochains jours. L'on croit savoir de sources sûres que les tractations aboutiront à un gouvernement de coalition, comparable à l'Exécutif. Il n'est aussi pas du tout exclu, affirment nos sources, de voir le RND et le MSP figurer dans la nouvelle équipe de Benflis, avec une probabilité d'un remplacement d'Ennahda, grand perdant aux législatives, par le parti de Djaballah. Cela étant, les résultats du scrutin, donnant le retour en force du FLN, constituent un tournant important dans les rapports de force politiques et, partant, renforcent la position du chef de l'Etat sur l'essentiel des dossiers en chantier, d'autant plus que lors de sa campagne électorale, Benflis a fortement insisté sur les dossiers lourds de la réforme. Aussi, le gouvernement, issu de la majorité parlementaire dominée par le FLN, continuera, à coup sûr, à appliquer le plan Bouteflika. Mais l'on prévoit que le tir cette fois-ci, sera rectifié par une démarche positive pouvant donner un cadre juridique à ces réformes. D'ailleurs, le Chef du gouvernement a réitéré «le maintien des réformes engagées». Sur un autre plan, l'entrée très remarquée du PT à l'APN pourrait servir à consacrer la véritable opposition tant recherchée. Cela étant, une éventuelle révision dans la politique de privatisation conçue par le ministre sortant, en charge du dossier, en l'occurrence M.Boukrouh, est prévisible. La seule question qui s'impose est de savoir si le Président de la République maintiendra ses ministres technocrates. Le gouvernement qui sortira d'une majorité FLN, aura, non seulement les coudées franches pour mener une politique plus ouverte, comme l'a promis M.Benflis, mais permettra aux différentes réformes de connaître une issue. Pour les deux ans de mandat présidentiel qui restent au chef de l'Etat, il est impérieux de mettre en place un gouvernement cohérent et surtout solide, à même de constituer en soi, un facteur de stabilité, unique manière de mener à leur terme les chantiers ouverts par Bouteflika. En tout état de cause, l'équilibre des forces présentes jusqu'à ce jour au sein de l'Assemblée populaire nationale est définitivement rompu, du fait du recul RND, d'Ennahda et du MSP et la régression du MSP face à l'Islah, tenté par la participation à la prochaine coalition. Cet état de fait n'est pas de nature à empêcher le processus de réforme de l'école, engagé durant la précédente législature, ainsi qu'une profonde révision du Code de la famille, promise par le chef de l'Etat lui-même. Ce sont là, en effet, deux chantiers importants sur lesquels les passions se déchaîneront mais avec, cette fois, moins d'acharnement, au vu du poids du PT dans l'Assemblée, un parti qui réclame l'ouverture de l'école sur tamazight et l'abrogation pure et simple du Code de la famille. Les partis islamistes, quant à eux, ayant fait leur campagne sur le thème du blocage des réformes et du maintien du code de la famille, tenteront sans doute de défendre leurs thèses dogmatiques. Mais en face l'on retrouvera le FLN qui pèsera de tout son poids. Islamistes, nationalistes, trotskistes et libéraux vont constituer l'essentiel de l'ossature de la future APN, qui traitera avec le prochain gouvernement de Benflis. Tous, sauf le PT qui s'est montré plus au moins réticents, se sont montrés favorables au programme économique et social du Président. Ils ont, en fait, tous défendu ce programme contre les entraves des cercles mafieux auxquels, le Président avait fait allusion, lors de ces dernières sorties médiatiques.