Seuls les départements en crise ont subi des changements alors que deux nouvelles têtes, apolitiques, ont fait leur apparition. Le Président de la République et son nouveau Chef du gouvernement ont pris de court tout le monde. Il ne leur a pas fallu plus de quatre jours pour former leur nouvelle équipe ministérielle. Une performance unique dans les annales algériennes, surtout dans une période aussi trouble, porteuse des germes d'une crise latente et multiforme. Le Président de la République, dans un communiqué, a annoncé hier la composante du nouveau gouvernement. L'équipe a été quasi intégralement reconduite (voir la liste ci-dessous). Seuls les secteurs en crise ont subi des changements, encore que Mohamed Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur a été maintenu en dépit de sa gestion controversée de la crise en Kabylie. Toujours est-il que Hamid Temmar, qui a survécu à deux gouvernements, en dépit des nombreuses et importantes critiques formulées à son encontre, n'a pas été reconduit cette fois ci. Comme annoncé par nous dans notre édition de jeudi, le ministre de la Participation et de la Coordination des réformes a, lui aussi, disparu, cédant la place à un ministère-délégué auprès du Chef du gouvernement. Ce dossier, donc, sera placé sous la direction directe d'Ahmed Ouyahia et, sans doute, de celle du Président de la République. Ce département est tenu par une tête nouvelle, Karim Djoudi, un technocrate apolitique qui devrait gérer ces épineux dossiers loin de toutes considérations politiciennes ou, pire, dogmatiques. Boubekeur Benbouzid a repris le secteur de l'Education qui connaît de sérieuses perturbations, notamment dans l'Algérois à quelques semaines des examens dans le but, sans doute, de désamorcer cette crise avant qu'il ne soit trop tard. C'est un certain Mohamed Allalou qui le remplace à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports. Cadre formateur, il occupait depuis trois ans le poste de DJS au niveau d'Alger. Jeune cadre, apolitique, cet homme est apprécié par ses pairs, nous dit-on, mais aussi dans le milieu sportif. Mohamed Terbèche n'a pas, non plus, survécu à ce léger remaniement. C'est Abdellatif Benachenhou qui devient le nouveau ministre des Finances. Il serait reproché à Terbèche sa «mauvaise gestion du dossier Khalifa», mais aussi de «nombreuses lenteurs dans les réformes du secteur» ainsi que «pas mal d'anomalies au niveau des institutions financières algériennes». Pour le reste, aucun changement n'est à signaler. Une manière originale, somme toute, de couper toute velléité de contestation de la part des députés du FLN puisque c'est l'équipe de Benflis, l'ancien Chef du gouvernement, qui vient d'être reconduite dans sa quasi-intégralité. Le programme, aussi, comme l'avait signalé ce jeudi Karim Younès, président de l'APN, à partir de Béjaïa, ne changera pas ce qui ôtera tout argument aux députés du FLN de monter au créneau contre Ouyahia et son équipe lorsqu'elle viendra présenter son programme devant la Chambre basse du Parlement. La véritable équipe, celle qui sera chargée de driver les élections et de mettre en chantier les grandes lignes du programme du Président, ne serait pas formée avant la prochaine rentrée sociale.