«La politique mise en place pour faire face à la crise financière est minime, mal inspirée et douteuse», estime Strauss-Kahn. La conjoncture économique mondiale risque de se compliquer en 2009. Tous les indicateurs sont au rouge. Le Fonds monétaire international (FMI) fait d'ores et déjà part de son inquiétude. «Les prochaines perspectives économiques mondiales que cette institution publiera en janvier prochain, seront encore pires que les prévisions actuelles», a prévenu lundi dernier, à Madrid, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Pour le patron du Fonds, qui intervenait lors d'un colloque organisé par la Banque d'Espagne, «les perspectives globales continuent de se dégrader». «Ce qui signifie, a-t-il expliqué, que l'année 2009 sera une année très difficile». Les dernières prévisions économiques du FMI, rappelons-le, qui datent du 6 novembre dernier, prévoyaient une croissance mondiale de 2,2% pour 2009 (contre 3,7% en 2008), avec une contraction de 0,3% du PIB pour les pays développés, l'an prochain (+1,4% prévu pour 2008). Néanmoins, à en croire les déclarations du premier responsable du FMI, ces prévisions seront revues à la baisse, compte tenu de la crise financière aiguë qui risque de subsister encore l'année prochaine, voire jusqu'en 2010. D'ailleurs, même les sommes astronomiques injectées par les différents pays pour sauver leurs économies s'avèrent inopportunes. En ce sens, Dominique Strauss-Kahn a indiqué qu'il n'était pas convaincu par les politiques mises en place pour faire face à la crise économique et financière actuelle pour impulser la croissance. Préoccupé, le patron du FMI a estimé que la réaction internationale est «minime, mal inspirée et douteuse». «Les alertes précoces, c'est bien, mais elles ne servent à rien si les gouvernements ne les prennent pas en compte», a-t-il souligné, en allusion aux prévisions du FMI. Dans ce sens, il a jugé nécessaire d'institutionnaliser les réunions du G-20 pour pouvoir mettre en pratique les accords conclus lors de ces rencontres. Ainsi, il a expliqué que si le G-20 veut développer un rôle important, il devra tenir compte davantage des organismes multilatéraux comme le FMI, au regard du nombre important de ses adhérents (166 membres qui représentent 80% du PIB mondial). Selon lui, la responsabilité de la communauté internationale n'est pas seulement de réformer techniquement le système financier, mais de «démontrer à l'homme de la rue que l'économie de marché a un visage éthique». Cependant, M.Strauss-Kahn a souligné qu'il «serait injuste de ne pas admettre que des pas importants ont été faits pour juguler la crise mondiale», même s'il a reconnu que «beaucoup reste à faire si l'on veut éviter que la crise se prolonge au-delà de 2009». Pour parvenir à cet objectif, il a affirmé la nécessité de «politiques actives» dans la voie de l'ouverture des flux de crédits pour restaurer la confiance dans les marchés, contrecarrer la baisse de la demande privée, grâce à des stimulants fiscaux, et soutenir la liquidité des pays émergents. Pour ce qui est de la restauration de la confiance, il s'est déclaré favorable à une intervention «claire» de l'Etat dans les marchés, tout en plaidant également pour la recapitalisation des entités financières, au-delà de l'élimination des actifs considérés «toxiques». Afin de multiplier l'effet des encouragements fiscaux, il a estimé que ces derniers devraient être appliqués surtout au secteur financier, au logement et aux foyers à faibles revenus, avec des mesures comme la baisse de l'impôt sur le revenu ou la réduction des taux d'impôt aux entreprises. Le directeur du FMI a relevé également l'importance qu'il y a d'élargir les aides financières en faveur des pays émergents et à faibles revenus, ce qui conduirait à injecter plus de liquidité au système financier si la crise venait à s'aggraver.