En Algérie, 166 dossiers de blanchiment d'argent sont sous enquête. «Le crime du siècle est celui du blanchiment d'argent. Cet argent provient de la drogue, la prostitution, le détournement, la contrebande, etc. Ce crime ne peut être combattu qu'avec l'engagement de tous les pays», tels sont les propos du commissaire Bouabdallah Rachid, chef de bureau de formation au niveau de la Sûreté de la wilaya d'Alger. S'exprimant hier au cours d'une conférence de presse à l'occasion de la célébration de la Journée arabe de la police, l'orateur a indiqué que «cette forme de criminalité passe par 3 étapes: d'abord, le placement, ensuite, l'empennage, puis l'insertion». Le conférencier a souligné que «depuis l'année 2005, l'Etat a imposé aux banques de s'impliquer davantage dans la lutte contre ce crime organisé en leur ordonnant de garder les documents personnels de leurs clients afin de mieux les connaître». Selon l'intervenant, l'Algérie a cumulé une solide expérience dans le domaine et a même revu pour cela sa législation. Plus tard, la législation algérienne s'est adaptée aux normes internationales et aux engagements conventionnels en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Ces efforts ont aussi inclus la Convention des Nations unies contre le trafic illicite de stupéfiants et substances psychotropes, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, la Convention internationale contre la criminalité transnationale organisée ainsi que les Conventions arabe et africaine de prévention et de lutte contre le terrorisme. La cellule qu'on appelle communément la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf) fait partie du dispositif que l'Algérie a mis en place pour prévenir et lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Dirigé depuis 2006 par Abdelmadjid Amghar qui a été à la tête de l'Inspection générale des finances (IGF) durant six années, cet organe est chargé de recueillir, traiter, analyser et échanger avec les organismes homologues étrangers des renseignements financiers dans le but de prévenir le recyclage des fonds issus de la criminalité et du financement des activités terroristes en Algérie. Un nombre de 40 recommandations traitent du blanchiment d'argent et sur les 9 autres spéciales, 8 sont relatives au financement du terrorisme et la 9e au transport de fonds à travers les frontières. Dans une déclaration précédente, le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf), M.Abdelmadjid Amghar, a indiqué que la Ctrf a reçu «12 déclarations de soupçon émanant d'une seule banque et 2 d'une autre banque. Au total, ce sont 166 dossiers de blanchiment d'argent qui sont sous enquête. Ces dossiers ne concernent pas seulement le blanchiment, car ils peuvent concerner aussi le financement du terrorisme». Et de poursuivre, «les montants ne peuvent être arrêtés que si la décision de justice intervient. Quant au seul cas pour lequel la décision de justice a été rendue, le montant du blanchiment s'élève à 7,8 millions de dollars». Pour accomplir sa mission de lutte contre ces deux formes de crimes financiers, la Ctrf recueille des renseignements à travers des déclarations de soupçon établies sur la base d'opérations jugées douteuses par les organismes soumis à l'obligation de déclaration de soupçons. Ces organismes, appelés «assujettis», sont sous forme de deux grands groupes. Il s'agit des organes financiers (banques, assurances...) et des organes non financiers réglementés (notaires, agents immobiliers, commissaires aux comptes, transitaires...) qui sont cités par la loi du 6 février 2005 (article 19) relative à la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Après constitution du dossier, analyse et traitement, le conseil de la Ctrf décide, selon le degré de présomption, de la transmission du dossier au procureur de la République. Il est constaté, cependant, que ce sont les banques qui contribuent davantage à informer la Ctrf sur les cas suspects alors que les autres assujettis «informateurs» sont, dans une moindre mesure, à l'origine des déclarations de soupçon. La Ctrf dispose au niveau de toutes les banques algériennes et étrangères activant en Algérie d'un «correspondant» qui constitue l'interface entre sa banque et cet organe de traitement du renseignement financier.