«Il serait opportun d'appuyer financièrement les PME algériennes», estime Abdelmadjid Messaoudi. L'Algérie pourrait tirer profit de la crise financière qui secoue le monde actuellement. C'est du moins l'avis défendu bec et ongles par le secrétaire permanent du Conseil national des assurances (CNA), Abdelmadjid Messaoudi. Sur quels critères ce responsable se base-t-il pour avancer une telle thèse? Dans une interview accordée au magazine Le Phare, M.Messaoudi explique: «Il faut éviter la panique, calmer les esprits et rétablir la confiance. Il faut surtout apporter des correctifs à la politique économique en vigueur, diversifier nos avoirs et en étudier minutieusement les différentes conséquences. Il y a possibilité de tirer profit de cette crise.» L'interviewé insiste, dans son analyse, sur le développement d'une économie productive à travers notamment l'appui aux PME. «En plus de se prémunir contre les conséquences de la crise, il importe d'encourager les entreprises qui peuvent développer des stratégies d'acquisition à l'extérieur pour outiller le futur dans la perspective de conquêtes de marchés, d'une meilleure fructification de capitaux, pour améliorer le sort de l'entreprise et son management», soutient encore le secrétaire permanent du CNA. Pour M.Messaoudi, des opportunités sont à saisir pour élever le niveau de compétitivité de nos entreprises et développer le partenariat: «Sachant que les PME des pays européens souffrent actuellement d'insuffisances de financements dans leurs pays respectifs, il serait opportun d'appuyer financièrement les PME algériennes en quête de partenaires détenteurs de savoir-faire.» «Notre pays, relève-t-il, dispose de la ressource essentielle qui régit le monde d'aujourd'hui. Il reste à en faire le meilleur usage pour mobiliser, y compris à l'étranger, les moyens qui nous manquent pour nous permettre de construire une économie forte et capable de générer des avantages compétitifs...» Evoquant les conséquences de la crise financière sur le secteur des assurances en Algérie, M.Messaoudi a souligné qu'à l'international, les effets négatifs commencent à se faire sentir à travers la réassurance. «C'est le segment de l'assurance qui est le plus internationalisé. On le constate par la tendance au renchérissement des couvertures de réassurance. Il y a moins de capitaux offerts sur le marché international à la couverture des risques proposés par les assureurs», constate l'interviewé qui ajoute: «Il nous semble qu'il est grand temps maintenant d'entrevoir et de promouvoir la rétention nationale par l'utilisation des surliquidités existantes sur le marché (auprès des banques). Ce procédé fait partie de ce que l'on appelle la réassurance financière. Il est relativement simple mais nécessite d'être encadré par des dispositions contractuelles qui permettent d'accorder une ligne de crédit au réassureur, utilisable à souhait et sur une longue période, moyennant le paiement d'une commission de réservation et d'intérêts sur les ressources effectivement mobilisées.» Comme autre effet de la crise, on s'attend à des remises en cause de certaines intentions d'implantation de capitaux étrangers en Algérie, en particulier de la part des investisseurs institutionnels qui peuvent avoir été affectés par la contraction de leurs ressources, a révélé M.Messaoudi. De son point de vue, la pratique de l'assurance va devoir se réformer en comptant plus sur la supervision et la mise à niveau des compagnies locales que sur le stimulus de la concurrence des compagnies, y compris avec l'apport d'assureurs étrangers, recherchés pour leur professionnalisme. Par ailleurs, il souligne que l'Algérie connaît une forte spéculation sur l'habitat qui donne lieu à une flambée des prix de l'immobilier. L'immobilier apparaît comme seule valeur- refuge en l'absence de produits financiers ou d'épargne proposés par les banques et les assureurs (assurance-vie, assurance-épargne ou assurance- investissement). Les revenus qui s'amassent ne trouvant pas de possibilités de placement en dehors de l'immobilier, donnent lieu à des placements dans ce secteur avec la consigne partagée d'augmenter annuellement de 10-20 voire 30% les tarifs qu'il y ait ou pas transaction, explique-t-il. «L'absence d'un vrai marché fondé sur des transactions effectives et l'influence des détenteurs de capitaux sur ce marché font grossir de plus en plus le prix de l'immobilier, constituant ainsi une gigantesque bulle qui peut éclater à tout moment. Evidemment le danger est plus fort lorsque la bulle prend une dimension financière...», conclut-il.