Un programme efficace de mise à niveau des unités de conditionnement est instamment requis. C'est une véritable mafia de la datte qui sévit actuellement au sud du pays. L'Association des conditionneurs et exportateurs de dattes de Biskra s'insurge contre le troc de dattes Deglet Nour qui s'est instauré dans les quatre wilayas du Grand Sud, Illizi, Adrar, Tamanrasset et Tindouf, limitrophes des pays du Sahel (Mali, Niger, Tchad et Libye). Cette «mafia» s'adonne au grand jour à un troc illicite, échangeant cette précieuse denrée contre d'autres produits alimentaires, entre autres, le thé. Cependant, les autorités interdisent formellement (Journal Officiel du 29/03/98) de pratiquer le troc avec la variété de dattes Deglet Nour. Le troc, qui s'applique dans ces wilayas frontalières, n'autorise pas celui pratiqué avec la Deglet Nour. Comme il ne manquait que cela pour notre économie presque exclusivement dépendante de l'exportation des hydrocarbures. Selon les statistiques du Cnis, les exportations ont atteint 76,10 milliards de dollars durant les onze premiers mois 2008, contre 54,18 milliards de dollars durant la même période de l'année dernière, en hausse de 40,45%. Quant aux importations, elles se sont chiffrées à 34,16 milliards de dollars contre 24,96 milliards de dollars, soit une hausse de 36,87%. Le taux de couverture des importations par les exportations, de janvier à novembre dernier, a représenté 223%, contre 217%, précisent les données du Cnis. C'est dire que le manque à gagner que génère cette mafia se chiffre à des millions de dollars pour notre économie. Cette opération (troc de la Deglet Nour) illégale prend une tournure nouvelle, car elle touche justement cette variété et se pratique dans des wilayas non concernées par la loi autorisant le troc. Ces données, transmises à L'Expression par l'Association, ont été confirmées au téléphone par son président Youcef Ghemri, qui a souligné que «l'Algérie, qui est le premier producteur au monde de Deglet Nour, n'est hélas que le second exportateur après la Tunisie qui ne produit pourtant qu'environ six fois moins de cette variété de dattes, soit environ 85.000 tonnes/an contre 500.000 tonnes/an cueillies dans nos palmeraies». Ghemri regrette, par ailleurs, que l'Algérie n'exporte que 05% de sa production alors que notre voisin en exporte environ 85%. L'Association déplore aussi que la majorité des unités de conditionnement soient actuellement à l'arrêt. Le commerce de troc terrestre autorisé à travers les frontières du Sud, est sorti de son cadre juridique, dénonce-t-elle. Cette situation met hors circuit ces unités en flambant les prix d'achat et pousse les producteurs à devenir des spéculateurs qui ne soignent même plus leur production. L'Association réclame, par ailleurs, une mise à niveau des 26 unités adhérentes. La Deglet Nour, qualifiée de reine des dattes, est l'un des produits phares, exportables à souhait, de l'agriculture algérienne dans sa composante de phoeniculture. De plus, la qualité de ces «doigts de lumière», appelés ainsi car le fruit laisse transparaître la lumière du soleil à travers sa chair, est nulle part ailleurs. Cette variété est qualifiée par les connaisseurs et les consommateurs, de nettement supérieure aux dattes produites de par le monde. La région terroir de la Deglet Nour est la ville de Tolga, près de Biskra. C'est là, que le savoir-faire des fellahs a affiné ce fruit de légende pour atteindre la perfection qu'on lui connaît. La datte est généralement consommée dans son état naturel, sinon fourrée à la pâte d'amande, pistache, noisette ou même consommée avec du beurre frais accompagnée souvent du fameux thé vert saharien à la menthe. Quand elle s'acoquine de cannelle, d'eau de fleur d'oranger, d'amandes ou de miel, elle devient alors pure gourmandise. Contrairement au nord du pays, ce fruit «magique» entre dans la confection des plats dans les régions sahariennes du pays. Il est mélangé, en très petite quantité, dans la sauce rouge du couscous ou de la «thakhchoukha», plat spécial et très épicé de Biskra, et également à d'autres plats du Grand Sud.