Le 18 juin prochain, au tribunal de Bir Mourad Raïs, se tiendra son procès. Au moins 600 jeunes filles vont témoigner contre lui. Stressées, larmes aux yeux, les résidentes de la cité universitaire de l'ENS, à Bouzaréah, crient: «Nous n'allons pas nous taire! Nous ferons tout pour rétablir la justice! C'est de l'injustice, nous voulons défendre nos soeurs! Il les a toutes achetées!» Lui, c'est l'entrepreneur trop entreprenant par qui le scandale arrive. L'affaire telle que racontée par les journaux d'hier, ne tient pas la route. «Ils racontent n'importe quoi», démentent-elles. Voici leur version des faits en cette nuit de dimanche, une nuit blanche: A 23 h 30, l'entrepreneur à la Mercedes et en l'absence du directeur de la cité, est entré dans l'enceinte universitaire. C'est là qu'il remarque une étudiante adossée à un grillage à qui il ordonne de partir. Se sentant offensée, l'étudiante en question aurait cherché à comprendre. Il aurait alors tenté de la remettre à sa place en usant d'un langage déplacé et non sans essayer de la violenter. Les gardiens se sont alors interposés voulant porter secours à l'étudiante, menacée par l'homme plutôt éméché par quelques verres de trop. C'est alors qu'il aurait cogné l'agent de sécurité, qui avait hier des points de suture à la tête. L'agresseur se serait ensuite dirigé vers un autre chantier pour appeler ses hommes de main. Bien que lui-même soit une armoire à glace. Fort de son renfort, il aurait alors brutalisé les deux agents. Une bagarre s'en est suivie, la panique atteignant le premier étage, ce fut le choc avec les jeunes filles, qui victime d'une chute, qui d'une fracture, l'une d'elles, en tentant d'aider sa camarade, a reçu un coup de poing en plein visage. Affichant un self-control plutôt étrange pour la circonstance, le monsieur gros bras, vêtu d'un costume, se serait dirigé vers son carrosse pour se mettre en survêtement «pour plus d'aisance dans l'action coups de poing». Bilan de la descente: deux jeunes filles et trois agents blessés. Le tribunal condamnera d'ailleurs ces derniers pour avoir pris l'initiative d'intervenir et de ne pas avoir fait appel aux responsables. A ce propos les étudiantes s'insurgent: «Où étaient les prétendus responsables quand ces mêmes agents défendaient notre honneur?» «Que faisait cet homme à une heure aussi tardive près d'un pavillon de filles? Un homme à qui l'on permet de rester à l'intérieur de la cité jusqu'à deux heures du matin alors que nos parents qui nous rendent visite ne peuvent pas en franchir le seuil», disent-elles. Les chefs d'inculpation prononcés au tribunal de Bir Mourad Raïs sont: injures et coups et blessures volontaires. En attendant, à l'ENS, les filles appréhendent des représailles. «Nous n'avons jamais été en sécurité ici, d'ailleurs ce jeudi nous avons passé une nuit blanche. Des manoeuvres ayant proféré des menaces contre nous», confient-elles. Rappelons que les filles ont, à la suite de la nuit mouvementée, séquestré leur directeur de cité de 13 h à 19 h, dans la salle des enseignants. Après un sit-in qu'elles ont observé, elles ont déposé plainte pour agression et atteinte à la franchise universitaire. Tout en ayant pris soin de cadenasser les portes des salles d'examen. Lesquels examens qui devaient avoir lieu en début de semaine, ne reprennent finalement qu'à partir d'aujourd'hui. Les étudiantes, témoins de ce fâcheux événement, refusent toutes qu'il soit récupéré d'une façon ou d'une autre par une quelconque organisation estudiantine. Elles réclament des gens responsables à la tête du campus. Affaire à suivre.