2 étudiants ont été acquittés. 6 mois avec sursis ont été prononcés contre Ali Yahia Abdennour. Le FFS, par la voix de son secrétaire général, s'est déclaré scandalisé par ce verdict. Me Hanoun, avocat de la défense, a estimé injuste la décision de la justice et déclare que le collectif d'avocats fera appel. «Nous sommes confiants, la justice va alléger les peines, les étudiants seront vraisemblablement acquittés, en l'absence de preuves tangibles». Les étudiants ayant assisté au procès annoncent qu'ils vont entamer à partir d'aujourd'hui une grève de la faim. Le procès des 21 détenus arrêtés suite aux événements ayant émaillé la visite du Président de la République au campus de Bouzaréah s'est déroulé, hier, en présence des familles, des associations et des représentants du Front des forces socialistes (FFS). Des dizaines d'étudiants se sont rassemblés devant le tribunal de Bir-Mourad-Raïs, en guise de solidarité avec leurs camarades. Les chefs d'inculpation retenus contre les 19 étudiants sont outrage à corps constitué, violence contre un employé (policier) et destruction des biens d'autrui. Ces accusations ont été niées en bloc par le «groupe des inculpés». Mieux encore, la plupart ont déclaré avoir été absents le 18 mai de l'enceinte universitaire. «Je suis rentré à Alger le 19 mai, après une visite familiale à Tizi Ouzou. J'aimerais qu'on m'explique, comment j'aurais pu, dans ces cas-là, jeter des pierres sur le cortège présidentiel», s'interroge un étudiant. «Je suis arrivé à Bouzaréah à 12h. Le matin, j'ai passé un examen à l'université de Beni Messous, où j'étudie l'archéologie. J'ignore la cause de mon interpellation», ajoute un autre. L'on retient aussi le cas de ce jeune interpellé devant l'enceinte universitaire. Ce dernier n'est pas étudiant, mais selon ses déclarations, il était sur les lieux en train «d'attendre (sa) fiancée»: «On m'a interpellé parce que j'ai une tête de Kabyle et pourtant, je leur ai juré que je ne suis pas originaire de cette région.» Une déclaration spontanée, sans arrière-pensée certes, mais qui a laissé le champ libre à toutes les interprétations politiques. Parmi elles, on citera, de prime abord, le fait que les forces de sécurité ont procédé ce jour-là à des débordements et le lendemain à des interpellations sélectives qui avaient ciblé les étudiants issus de Kabylie, précisément, ceux qui militent dans des associations culturelles notamment le comité local de la Fondation Matoub, qui a, rappelons-le, appelé à un rassemblement le 19 mai pour célébrer la Journée de l'étudiant et protester contre la venue d'un officiel au campus universitaire. Cela dénote, selon le procureur, une volonté préméditée de la part des étudiants de chahuter et peut-être plus, la visite du Président de la République. «Le pire a été évité», explique le procureur de la République. Mais selon les avocats de la défense, «cela ne prouve, en aucune manière, les accusations requises contre mes clients», précise Me Hanoun. «Est-il interdit de fêter cet événement?», s'est-il interrogé. Les avocats ont exigé des preuves tangibles de la part du procureur qui a requis 4 ans de prison ferme et 5000 DA de dommages et intérêt pour 5 détenus avec une remise d'une année pour les 14 autres. En s'appuyant sur le fait que, «dans les P-V de déclaration signés par les inculpés, la plupart des étudiants ont reconnu le fait qu'ils ont été témoins des débordements survenus le 18 mai sans pour autant admettre leur implication». Pour nous, il est clair que c'est une manière de nier les chefs d'inculpations retenus contre eux. Notre déduction nous amène à conclure que ces étudiants ont bel et bien participé aux jets de pierres contre le cortège présidentiel. Concernant Me Khelil de la Ligue de la défense des droits de l'Homme et un membre du FFS, ils ont été accusés d'incitation au rassemblement. Un chef d'inculpation qu'ils ont rejeté. «Ma présence à l'université de Bouzaréah le 19 mai avait pour objectif de rédiger un rapport sur les conditions dans lesquelles les étudiants ont été arrêtés. Je n'ai, en aucune manière, songé d'inciter les étudiants à la violence», défend Me Khelil. Pour les avocats de la défense et les familles de détenus, il est clair que le tribunal a jugé hier en premier lieu, des idées et des appartenances politiques qui dérangent le pouvoir en place.