Les pays exportateurs de pétrole, qui sont aussi de gros exportateurs de gaz, veulent faire valoir leur second atout. L'Algérie, la Russie et la Norvège sont ses principaux fournisseurs avec respectivement 160 milliards et 60 milliards de mètres cubes par an. La crise ukrainienne qui vient de ressurgir et qui fait redouter aux pays européens une fermeture des vannes par Moscou, fait trembler les pays consommateurs. Si l'on ajoute à cette conjoncture plus que délicate, la crainte justifiée de la naissance d'un axe Alger-Moscou, l'on comprendra très vite pourquoi le Vieux Continent est sur le qui-vive. L'Europe redoutait la création d'une Opep du gaz. Le 7e Forum des pays exportateurs de gaz, le Fpge, a accouché d'une charte. Un statut juridique qui signe d'ores et déjà son existence légale. Chakib Khelil a donné et précisé son objectif principal: «Cela devrait permettre de garantir la meilleure valorisation possible des exportations gazières sur la base de conditions équitables assurant les intérêts de toutes les parties.» Le ministre algérien de l'Energie et des Mines s'est déclaré convaincu que cette démarche est la plus appropriée pour tirer les meilleurs profits de nos exportations de gaz. Face à la dégringolade des prix du pétrole, des pays exportateurs qui sont aussi de gros exportateurs de gaz veulent faire valoir ce second atout. Hasard de la géographie ou de la géologie, il se trouve que certains pays et non des moindres ont leurs sous-sols qui regorgent de ces ressources naturelles que sont l'or noir et le gaz. Cinq pays, la Russie, l'Iran, le Qatar, le Venezuela mais aussi l'Algérie détiennent à eux seuls plus de 70% des réserves de gaz et plus de 50% de la production mondiale. Quand on sait le rôle prépondérant qu'ils vont jouer au sein du Fpge qui compte en tout 15 membres, l'on peut se douter que les pays consommateurs, et notamment les Européens, auront bien du souci à se faire et à ne pas tarder à s'en faire. Les spécialistes ont toujours défendu la thèse selon laquelle le marché gazier mondial ne permettait pas dans les conditions actuelles à une organisation gazière de décider des prix et de la production comme l'aurait fait l'Opep. L'adhésion de la Russie au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole fait peur. «Moscou n'a jamais cherché à intégrer ce type d'organisation et n'a d'ailleurs jamais été invitée à le faire», avait déclaré, en 2007, Jonathan Stern, expert en énergie à l'université d'Oxford. L'histoire lui a donné tort puisque la Russie était venue en force à la conférence extraordinaire de l'Opep qui s'est tenue à Oran, le 17 décembre. Elle s'est dit prête à coopérer avec l'Opep pour mettre fin à la chute des prix du pétrole. La Russie est un des membres fondateurs du Fpge qui a pris corps en 2001 à Téhéran et fournit 26% des importations d'or noir des pays de l'Union européenne. L'UE, pour être moins dépendante de Moscou, avait décidé de faire de l'Algérie, 3e exportateur de gaz au monde, son partenaire privilégié. Une situation qui pourrait se consolider avec la création officielle du Forum des pays exportateurs de gaz.