Mille boulangeries ont déjà fermé en raison des charges qui ont énormément augmenté. Le Conseil national des boulangers (CNB) relevant de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) menace, encore une fois, de recourir à une grève générale nationale de deux jours les 26 et 27 février prochains. Les boulangers estiment que toutes les tentatives de dialogue et de négociation entamées depuis plus d'une année avec les autorités publiques à propos de leurs revendications n'ont abouti à aucune solution juste et équitable. Ainsi, le CNB donne un ultimatum de 10 jours au gouvernement pour qu'il se penche sur les doléances des boulangers. Le conseil avoue qu'en dépit des augmentations importantes qui ont ciblé les matières premières, les services, les charges fiscales et parafiscales, le prix du pain n'a subi aucun réajustement depuis 9 ans. Le SG du CNB n'hésite pas à parler de “manque de volonté de la part des autorités pour le règlement définitif, juste et équitable des revendications légitimes formulées par la corporation”. Les boulangers, lit-on dans un communiqué rendu public consacrant le préavis de grève, ne peuvent plus continuer indéfiniment à supporter à eux seuls les lourdes charges. La grève générale a été décidée, faut-il le souligner, par l'assemblée générale du CNB élargie aux wilayas du pays en date du 24 juillet 2004 suite à la décision prise par le secrétariat exécutif national de l'UGCAA lors de sa réunion du 26 janvier dernier. “Nous ne demandons pas la hausse du prix du pain, mais nous revendiquons seulement nos marges bénéficiaires, une revendication reconnue par le ministère du Commerce”, précisera M. Benabdesslam, SG du CNB. Le conseil a accueilli avec satisfaction la déclaration du Chef du gouvernement au cours de la 25e session du Cnes signifiant qu'il n'y aura pas d'augmentation des prix du pain, mais les boulangers ne doivent aucunement supporter la facture conséquente aux divers hausses qu'ont subies les facteurs entrant dans la fabrication du pain. Abstraction faite des déclarations de “reconnaissance” émises par les pouvoirs publics, aucune solution parmi celles proposées par le CNB n'a été prise en compte. Parmi ces propositions, on note la structure des prix de revient de la baguette de pain ordinaire de 2,50 grammes, suggéré à 11,50 DA. L'indifférence des autorités compétentes, qui a rendu la situation de plus en plus complexe, a poussé quelque 250 boulangers à fermer leurs locaux à Alger, 160 autres à Blida, 300 autres à Boumerdès. À l'Ouest 30% de ces commerçants ont baissé rideau. Il est difficile, explique M. Benabdesslam, d'exercer cette activité avec les différentes hausses qu'ont enregistrées les paramètres de fabrication. À titre d'exemple, il cite le mazout payé par le boulanger à 2 500 DA de plus que l'année dernière. À Corso, pour ne citer que cette localité, les boulangers souffrent d'un manque flagrant en farine engendrant des perturbations dans l'approvisionnement des commerçants. Dans le cas où le gouvernement, par le biais du ministère du Commerce, ferait la sourde oreille aux revendications des boulangers, ces derniers mettront à exécution leur menace de grève. Ils assureront, toutefois, un service minimum au profit exclusif du secteur sanitaire, notamment les hôpitaux. Reste à savoir si le CNB ira jusqu'au bout de sa revendication et ne sera pas encore tempéré dans sa démarche par le gouvernement. Les prochains jours détermineront la volonté des deux parties en conflit. Celle de l'Exécutif pour régler définitivement ce problème et celle du CNB à se lancer dans un mouvement de grève. À noter que l'Algérie compte 17 000 boulangeries dont 1 700 au Centre. B. K.