La liste des bénéficiaires des chalets suscite encore la polémique entre les victimes et l'administration locale. Entre les rapports des services des CTC et ceux de la commission de wilaya, les sinistrés des inondations de Ghardaïa ne savent plus à quel saint se vouer. Quelques familles sinistrés, au nombre de 16, que nous avons rencontrées au complexe sportif de la wilaya, continuent à réclamer haut et fort une prise en charge de leur situation. La liste des bénéficiaires des chalets suscite encore la polémique entre les victimes et l'administration locale. Aux yeux des sinistrés, il s'agit d'abandon tout simplement. «Nous sommes abandonnés», dénoncent-ils. Ces derniers qui ont vu leurs maisons s'écrouler et complètement détruites dans la localité de Mermade, sont étonnés de ne pas voir leur nom figurer dans la liste des bénéficiaires. Cela en dépit des rapports du Contrôle technique de construction qui sont en leur faveur. Malgré cela, ceux-ci occupent encore des tentes jusqu'à nouvel ordre. Guettaf Farid, 32 ans, marié expose sa situation. «Les services du CTC classent ma maison rouge 5. Ce qui veut dire inhabitable. La commission de la wilaya m'a dégradé en orange 3. Par ordre de mérite, je ne suis pas, ainsi, prioritaire. J'ai montré, maintes fois, le rapport à cette commission qui ne veut rien entendre. Elle ne prend en compte que celui des autorités locales». «Je ne revendique rien. Je veux qu'on refasse l'étude de mon dossier. Je veux qu'on prenne en compte le rapport du CTC qui me classe dans les rangs des prioritaires», réclame t-il. Le cas de Farid n'est pas unique. Bordji Benaïssa, 33 ans, marié, et père de deux enfants habitant toujours la tente, souffre de la même «injustice». «Je suis exclu. Je suis abandonné». Comment? «La commission de wilaya ne veut en aucun cas, écouter le rapport du CTC. Ces services ont classé ma maison dans la catégorie rouge 5. Alors que cette commission m'a classé en orange 9». Les responsables de l'administration ne voient pas les choses de ce côté. Pour eux, il s'agit d'un «ordre de mérite». «Nous avons établi la liste des bénéficiaires selon les priorités». Sur le cas de MM.Farid et Benaïssa, ce même responsable, qui préfère parler sous le couvert de l'anonymat, fait savoir que «leurs recours sont en cours d'étude». Les enfants et adultes nous interpellent, de leur côté, pour soutenir les propos de Farid et ses voisins. «Nous demandons la régularisation de notre situation», appellent-ils. Voulant tranquilliser les esprits, ce même responsable affirme que «des cas similaires aux situations de ces sinistrés ont été réglés. Nous avons eu quelques exemples semblables auxquels on a restitué leur droit». Pis, des révélations inquiétantes viennent de la part des sinistrés. «Je vais vous dévoiler quelque chose», déclare un autre sinistré qui nous a rejoint dans la voiture. «Des gens qui ne sont même pas de Ghardaïa et qui venaient des autres wilayas, de Tiaret notamment, figurent parmi les bénéficiaires. Or, les vrais sinistrés sont exclus.» Cette déclaration a été tout de suite confirmée par le chauffeur de taxi qui nous ramenait sur les lieux. «C'est juste ce qu'il raconte le monsieur. Des familles sont venues de Tiaret et sont inscrites parmi les sinistrés. Maintenant, elles vont bénéficier des chalets et des logements dans l'avenir.» En conclusion, il faut dire qu'à chaque catastrophe, ce phénomène «d'indus occupants» se reproduit. C'est dire que la polémique entre l'administration et les victimes ne date pas d'aujourd'hui. Les inondations de Bab El Oued en 2001 et le séisme de Boumerdès en 2003 en sont de parfaits exemples..