Le précieux liquide se fait rare dans les robinets restés à sec depuis leur installation. Pratique ancestrale exercée par des hommes appelés «essaka», la vente de l'eau est loin d'être révolue. Bien au contraire, elle est toujours d'actualité dans la localité d'El Asfour dans la wilaya de Tarf, à l'extrême est du pays. Le précieux liquide se fait rare dans les robinets, restés à sec depuis leur installation. Une aubaine pour les jeunes chômeurs de cette commune aux allures d'une localité à vocation agricole, où le développement reste une utopie. Des dizaines de jeunes et moins jeunes s'adonnent à cette activité. Au rythme où vont les choses, il n'est pas exclu de voir cette activité érigée au rang des professions libérales, voire même inscrite au registre du commerce. Quotidiennement, ces vendeurs d'eau sillonnent les artères des petits quartiers où les clients foisonnent. La marchandise est acheminée par des camionnettes dotées de cuves en plastique, pour les plus fortunés, et à dos d'âne, pour les moins nantis, notamment pour atteindre les zones les plus éloignées. A raison de 20DA le litre, le liquide est vendu à la criée. Munis de jerricans et de bouteilles en plastique, les habitants prennent d'assaut le vendeur d'eau. L'eau s'écoule vite. Le commerce est florissant au point où les revendeurs sont dans l'obligation de faire 2 à 3 navettes pour satisfaire la forte demande. En été, il faut au moins six navettes pour répondre à la demande. Les chaleurs, caractérisant la région, font beaucoup transpirer. Ça consomme. Les jeunes saisonniers y trouvent leur compte. Ça fait gagner de l'argent car ces petits colporteurs sont souvent des écoliers. «C'est une façon de gagner sa croûte, et d'échapper aux griffes du chômage et de l'oisiveté» affirment-ils. Toutefois, il faut noter que la commercialisation de ce liquide sensible dans des citernes et bidons, échappe à tout contrôle. Le doute persiste quant à la qualité de l'eau. Mais les besoins se font pressants. Le réseau d'AEP se fait désirer. «La plupart des familles aux revenus modestes ne peuvent se permettre de l'eau minérale. Cette eau n'est consommée qu'après avoir été bouillie», souligne un père de famille. Et d'ajouter: «Nous avons appris qu'une fois l'eau bouillie, tous les microbes sont éliminés, par contre elle peut être utile pour le ménage...». Du fait que les astuces de grand-mère l'emportent sur le processus de développement, les habitants d'El Asfour devront s'accommoder de cette situation qui perdure.