La nette recrudescence des «activités» attribuées aux groupes armés, en Kabylie, signifie-t-elle une sorte de réveil des réseaux dormants ou tout simplement obéit-elle à une autre stratégie? Toujours est-il que, selon les observateurs, la planète «terroriste» compte aussi d'autres satellites comme le banditisme de grands chemins. Malgré tout ce qui se dit sur la Kabylie, cette province est loin d'avoir capitulé devant les réseaux de l'intégrisme armé. Certes, et depuis un certain temps, on enregistre une certaine recrudescence des actes de violence, que l'on attribue généralement aux groupes armés, notamment au Gspc de Hattab. Cependant, une enquête approfondie des services compétents pourrait relever qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. En effet, l'apparition d'un banditisme de grands chemins qui «affectionnent» les méthodes intégristes: faux barrages, rackets et incursions dans les bars n'est pas à exclure. Ceci, ne dédouane en rien les groupes terroristes qui mettent également la main à la pâte. Arrondir les fins de mois en «se permettant» une virée nocturne... pourrait intéresser plus d'un, en ces temps de... vaches maigres. Même les terroristes y trouvent leur compte en s'attribuant ces «hauts faits». Evidemment, tout ceci n'exclut pas la présence de groupes du Gspc. Présence signalée aussi bien en quelques endroits de la wilaya de Tizi Ouzou que dans la wilaya de Bouira. Si les groupes de Tizi Ouzou «opèrent» généralement sur l'axe Draâ El-Mizan, Takhoukht (R 30), avec souvent des faux barrages au lieu dit le Pont noir et aussi sur l'axe Mizrana-Dellys avec des incursions aux environs de Tigzirt, ceux de Bouira affectionnent surtout la région mitoyenne de Draâ El-Mizan et les villages de la daïra de Kadiria. Ces villages, comme Aïn Lazera, Lahguiat, etc., ont souffert le martyre notamment dans les années 1994-1995 et même 1996. Certes, les «résistants» du groupe El-Mekhfi n'ont pas chômé, mais l'étendue du territoire et l'existence de «passerelles» avec Médéa du côté de Soufflat et de Tizi Ouzou en empruntant les forêts entre Draâ El-Mizan - Tizi Gheniff et Aomar - Kadiria ne facilitent aucunement la tâche des forces de l'ordre. Récemment, des informations en provenance de la région de Kadiria ont fait état de la présence du bras droit de Hattab, Abderrezak le para qui se serait «rudement inquiété» de la baisse «du moral» d'un groupe terroriste qui aurait émis publiquement le voeu de ... se rendre aux autorités. Abderrezak se serait ainsi «déplacé» pour essayer d'arrêter... la saignée. Laquelle, selon des observateurs avertis, n'est pas près d'être contenue. A la fatigue et à l'isolement des éléments armés s'ajoute cet encadrement, devenu de plus en plus performant, des forces de sécurité. Les temps sont désormais loin, où les paysans isolés de la région allant d'Aïn-Chériki à Lahguiat, en passant par les environs de Ben-Haroun et de Aïn Lazerah, cédant au diktat terroriste, «offraient» le gîte et le couvert. Pourchassés, signalés par les citoyens le «moral» au plus bas avec ces «tentations» de plus en plus nombreuses de «raccrocher» et de se rendre aux forces de l'ordre, les éléments armés, sous la férule d'émirs ayant coupé avec toute la société, ont tendance à s'orienter vers le grand banditisme. Aussi, nombreuses sont leurs incursions dans la wilaya de Tizi Ouzou, réputée plus riche que celle de Bouira De connivence avec l'émir Hadj-Ali de Draâ El-Mizan ou encore avec l'émir Sadaoui de Mizrana, des groupes «mixtes» dressent ainsi des faux barrages et font des incursions dans certains bars, où après un «bon petit prêche» se saisissent des avoirs des citoyens. Certains groupes poussent jusqu'à opérer des hold-up d'agences postales, ou encore comme cela s'était passé, il y environ une dizaine de jours au village Djebla à Aït-Aïssa Mimoun près de Ouaguenoune, où un groupe terroriste venue en camion a profité de ce que la population était à une fête pour faire une incursion dans le village, en immobilisant les vigiles. Ils ont ainsi pu faire main basse sur le ravitaillement. Il arrive aussi que des terroristes soient accrochés par les forces de sécurité, comme ce groupe, pourchassé depuis l'Akfadou et accroché finalement dans les environs d'Aït-Chafaâ, près d'Azeffoun. Il reste qu'en dehors des zones citées et principalement du massif central kabyle, où une certaine «activité» terroriste est enregistrée avec comme zone de replis les massifs forestiers de Sidi-Ali Bounab, Bou-Mahni, Amjoudh et le Mizrana, principalement, des vols et autres agressions, trop rapidement «imputés» aux terroristes ont fait la une de la presse. Les gens commencent, hélas à « savoir » faire la différence... entre la peste et le choléra. C'est comme si un bandit usant d'une arme dérobée pour faire un larcin n'est pas aussi un terroriste à sa manière. Car, tous ceux, finalement, qui sèment la terreur sont des terroristes et par conséquent, doivent être traités comme tels. Le déploiement des forces de l'ANP en certains endroits stratégiques, la présence des «fusils de l'honneur», la non-adhésion des populations au projet intégriste et la mobilisation des citoyens protégent les villages et quand par «accident», il arrive que des attentats soient commis, les groupes de Hattab, «prennent» toujours la précaution de s'attaquer aux personnes «armées». Ce «genre» de message s'ajoute à certains «discours» et «tracts» qui, s'adressant aux «Kabyles», leur demandent de «les aider dans la lutte contre les taghout...» Un appel qui n'a jamais eu d'écho. Pour l'heure, les populations semblent plus observer ce qui se passe, mais si d'aventure une quelconque «erreur» venait à se produire, alors les terroristes n'auraient qu'à bien se tenir. Le «wait and see» actuel n'est qu'une fausse position qui ne peut se lire que par un «rejet de toute action de violence».