« Nous ne prendrons jamais en otage l'avenir de nos enfants» Rassemblés, hier à 13h, devant le Palais du gouvernement, les cadres du Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation (Sete) des wilayas (Guelma, Tizi Ouzou, Médéa, Béjaïa, Jijel et Oum El-Bouaghi), ont écarté hier l'idée de boycotter les examens de fin d'année (bac et BEF): «Nous ne prendrons jamais en otage l'avenir de nos enfants, hier encore je corrigeais les copies de mes élèves», a déclaré M.Osman de la coordination de Bab El-Oued. Au sit-in qui était plutôt mal toléré par les pouvoirs publics, dès le premier quart d'heure, était présent Abdel-ouahab Khoulalène de la coordination de Béjaïa, voulant écarter toute équivoque sur cette action, a déclaré: «La lutte syndicale ne s'arrête pas à une année scolaire. Les travailleurs veulent se battre. Il faut que les structures changent.» Une manière comme une autre pour lui d'accuser la Fnte de n'avoir pas été à la hauteur des espoirs mis en elle par la base, après une grève nationale suivie, en février dernier, à près de 95% à l'échelle nationale. Car selon lui, le gouvernement ne s'est toujours pas prononcé sur la question des salaires ni sur celle des logements. Encore moins sur la prise en charge des maladies professionnelles. Quant à la réintégration des 2300 contractuels, si elle est entamée elle est loin de connaître l'aboutissement voulu. Ainsi, conclut Khoulalène, les membres qui parlent au nom de la Fnte ne représentent qu'eux-mêmes. Même Sidi Saïd, patron de la Centrale syndicale UGTA, qui avait promis une réponse concrète aux revendications du monde de l'éducation, reste le grand absent. Il avait auparavant annoncé l'année 2003 comme date butoir qui verrait le dénouement du conflit social, des promesses de revalorisation des salaires à 100%, l'instauration de primes d'appui et d'accompagnement étant souvent non tenues. Rappelons que le dossier des salaires des enseignants «traîne depuis plus de quatre ans». Mais quel est donc le secret de l'annulation de la grève des enseignants prévue le 5 mai et du silence radio affiché par les responsables? Dans un prospectus intitulé «Le rénovateur» les cinq syndicats d'entreprise présents au sit-in d'hier, le deuxième après celui organisé au siège même de la Centrale syndicale, tentent d'y répondre : la décision d'annuler la grève n'a été prise ni par la conférence des secrétaires généraux des syndicats d'entreprise, le 18 avril ni par les conférences des cadres syndicaux des différentes wilayas. Il semblerait que la question a été tranchée ailleurs que dans le bureau fédéral de la Fnte. Elle aurait été prise dans le département organique dirigé par Djenouhat, lui-même briefé par Sidi Saïd. La montée au créneau de la Fnte aurait été gérée de telle sorte qu'elle ne dépasse jamais la ligne rouge imposée par le pouvoir. Dans «Le rénovateur» la sentence est sans appel: Brahim Djebbar a trahi. Faire semblant de négocier, d'arracher des acquis alors que la principale revendication, celle des salaires, passe à la trappe des questions non négociables est le meilleur moyen de casser le mouvement syndical enseignant, y lit-on encore. La lettre se termine ainsi: le compromis actuel n'est pas une victoire, il ne sauvera pas la face de ceux qui ont lâché les enseignants pour faire passer le cap des élections. Ces moeurs d'apparatchiks syndicaux n'ont rien à voir avec le combat syndical de la base.