«La meilleure façon de s'adresser à un peuple passe par le cinéma», nous confiera le politique, cinéaste et écrivain Azouz Begag. Le froid et une troupe folklorique gnaouie, nous ont accueillis, dimanche soir, à l'auditorium du rectorat de l'université de Sidi Bel Abbès. En raison de la triste actualité qui secoue le monde et particulièrement du carnage causé parmi la population martyre de Ghaza, c'est un festival placé sous le signe du deuil et du recueillement que les invités de la 9e édition du Festival international culturel et annuel du film amazigh ont étrenné, le soir de dimanche dernier. Quatre ans après son institutionnalisation et neuf ans après sa création, cette «manifestation phare du pays» comme souligné à la cérémonie d'ouverture est l'hôte, cette année, de la capitale de la Mekerra, Sidi Bel Abbès. C'est le keffieh palestinien autour du cou qu'est apparu le commissaire du festival, Hachemi Assad, qui réitéra sa volonté de relance du cinéma en Algérie. L'ouverture a été marquée par la présence du wali de Sidi Bel Abbès et de M.Larjan, représentant de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui se relayeront sur l'estrade pour dire tout l'intérêt d'un pareil événement, qui permettra, selon notamment le wali, aux gens du 7e art de se rencontrer pour un échange et un partage des cultures et des points de vue cinématographiques des plus intéressants. Un festival, nous confiera, M.Mohamed Bensalh, membre du staff organisationnel, qui prendra probablement une nouvelle dimension, si ce n'est une nouvelle appellation plus élargie, supprimant le mot amazigh pour le substituer par le nom «le Festival d'Alger», une façon dira-t-il, pour supprimer les barrières linguistiques et régionales. Aussi, après l'hymne national et la minute de silence en hommage au peuple palestinien, il a été annoncé les noms du jury de cette année, qui se veut éclectique. Ainsi, présidé par l'auteur du film Mimezrane, Ali Mouzaoui, il est constitué d'hommes et de femme de divers horizons, de l'archéologie en passant par la musique. On citera El Djouher Amhis, Ernest Pépin, Kader Kada, Nedim Gürsel, Safy Boutella, Slimane Hachi, Omar Fetmouche et Jean-Paul Garcia. Selon une indiscrétion, c'est le film documentaire La Chine encore loin de Malek Bensmaïl qui doit faire l'ouverture du festival. Ce dernier, nous apprend-on, est en colère, en raison du changement brusque au niveau du programme. Ayant pour cadre, l'Aurès, ce film relate le péril de l'école algérienne en faisant un détour par l'histoire coloniale. Une belle leçon de mémoire. 19 films concourent pour le trophée de l'Olivier d'Or. Le festival, cette année, brasse effectivement toute les variantes de la langue amazighe, à travers différents films et documentaires. Le public aura droit aux parlers kabyle, chenoui, chaoui, mozabite et targui. Si le regard sera braqué sur le cinéma amazigh mais aussi sur celui de l'Iran, le pays à l'honneur, le coeur reste ouvert du côté de la Palestine. En ce sens, un film documentaire intitulé Palestinian blues, sera présenté au cours de cette semaine. Quelques extraits de ce film ont été présentés à la cérémonie d'ouverture. Cette dernière était marquée par la présence de plusieurs personnalités du monde de l'art et de la culture. Des invités d'honneur tels Azouz Begag, Safy Boutella, Ahmed Béjaoui, Kamal Hamadi, Lounis Aït Menguellet et Toufik Farès. Par ailleurs, un hommage appuyé à été rendu à Keltoum, Djamila Amzal, Djamila et Hadjira Oubachir, deux grandes comédiennes, dont l'une est aussi chanteuse et l'autre poétesse et animatrice de radio. Un reportage de 15 minutes leur a été consacré par Nora Mehandi. Enfin, la cérémonie d'ouverture s'est achevée par un récital de l'Orchestre symphonique national sous la conduite du chef d'orchestre Rachid Saouli, accompagné de la chorale d'Alger. Lors d'une entrevue en aparté, le politique, cinéaste et écrivain Azoug Begag, s'est dit «très content et fier de participer à un festival du cinéma en Algérie avec, derrière, une équipe généreuse qui essaie de faire connaître le cinéma en Algérie, avec des moyens pas évidents».