Quelque 3000 étudiants de l'université Abderrah-mane-Mira de Béjaïa ont battu, hier, le pavé des principaux boulevards de la ville de Béjaïa pour revendiquer l'institutionnalisation de Yennayer, Jour de l'An berbère, comme jour férié, chômé et payé. Venus de tous les instituts, facultés et résidences, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir et à la classe politique en général. Dénoncées au demeurant et avec rigueur comme étant «le griffage morbide de notre identité par le pouvoir central», les différentes manifestations initiées ces dernières années par le pouvoir ont été qualifiées «d'indignes et de racistes», allusion faite aux «mascarades» manifestations d'«Alger, capitale de la culture arabe» et «20 avril, journée nationale de l'Internet». Depuis le campus de Targa Ouzemour jusqu'à l'entrée du siège de la wilaya, les étudiantes et les étudiants se sont montrés très hostiles à tout ce qui est négatif pour l'identité berbère, promettant de «rester mobilisés et déterminés jusqu'à la satisfaction pleine et entière de nos droits les plus légitimes, en l'occurrence les libertés démocratiques», dont «tamazight langue nationale et officielle». A leur sortie du campus de Targa Ouzemour, le ton est donné pour une manifestation haute en couleur et surtout en mots d'ordre purement politiques. L'on pouvait distinguer des banderoles exprimant la teneur de la manifestation. Tout le long du parcours de la manifestation, les étudiants et étudiantes interrogées estimaient que «la question amazighe demeure bafouée, un dossier embrigadé dans le commissariat à l'amazighité, voire clos». A l'approche du siège de la wilaya, la procession estudiantine avait bien enflé. Arrivés à la fin de l'itinéraire prévu pour la marche, les marcheurs ont observé un sit-in de quelques minutes avant de se disperser dans le calme, après une courte prise de parole. A rappeler, également, qu'une autre marche s'est déroulée dans la nuit de dimanche à lundi, suivant le même itinéraire. Bougies à la main, les milliers étudiants ont marché silencieusement pour rappeler la nécessité de l'officialisation du Jour de l'An berbère. A la résidence du 17-Octobre, expositions, pièces théâtrales et plats traditionnels ont été au menu d'une manifestation qui s'est achevée hier par la projection de films amazighs.