70% des utilisateurs de l'Internet en Algérie sont jeunes. Leur âge varie entre sept et vingt ans. L'Algérie est à l'abri du phénomène des temps modernes qu'est la cybercriminalité. C'est ce qu'a laissé entendre M.Nouar Harzallah, président-directeur général de l'Eepad, fournisseur d'accès Internet, lors d'une conférence-débat sur le crime informatique, co-animée hier avec M.Samir Benallala, respectivement officier représentant la Dgsn et Abdelrafik Khenifssa, patron de la publication IT Mag. A l'occasion de cette rencontre, abritée par le Forum du quotidien El Moudjahid, il a été révélé en effet que le retard enregistré jusque-là par notre pays, en matière de déploiement informatique et d'Internet haut débit, rend nos institutions invulnérables face à d'éventuelles attaques via le Web. Un discours déjà entendu. «Nous sommes au tout début de l'aventure, néanmoins, tout le monde est responsable à son niveau face à ce danger potentiel», ont-ils encore affirmé à ce propos. «Nous avons un réseau institutionnel sécurisé, naissant et nous découvrons à peine le haut débit!», a-t-on ajouté par ailleurs. Néanmoins, tous ont énormément insisté sur l'indispensable sensibilisation à mener en vue de juguler les menaces de la Toile. Notamment en direction des jeunes qui utilisent, dans une proportion de 70%, l'outil Internet en Algérie. L'âge de ces derniers variant entre sept et vingt ans, suppose une fragilité face aux chants des sirènes de l'Internet. Le patron de l'Eepad va jusqu'à suggérer un cours de sensibilisation dès les premières années de la scolarité. Selon ce dernier, face au fléau du cybercrime, l'Arpt (Autorité de régulation de la poste et des technologies de l'information et de la communication) a la responsabilité de dicter un cahier des charges aux cybercafés et aux opérateurs. Du moins, afin d'instaurer un contrôle initial. Cependant, les orateurs n'ont pas manqué de rappeler que la loi permettant de contrer les hackers et autres malveillances du Web existe en Algérie. M.Benallala a évoqué particulièrement le texte officiel 04-15 du 10 novembre 2004 qui modifie et complète le Code pénal en matière d'atteinte aux systèmes automatiques de traitement de données. Sinon la section 7 bis du Code pénal et autre article 94 bis qui préviennent un certain nombre d'actes répressifs. Toutefois, le représentant de la Dgsn a expliqué que le législateur se heurte à la notion de frontière en matière de cybercriminalité, mais également à la difficulté d'apporter la nécessaire preuve matérielle afin de confondre les auteurs des piratages qui sont particulièrement friands de données personnelles, confidentielles, tels les numéros de comptes bancaires et autres renseignements clés. Autant d'éléments qui leur permettent de décrocher en toute impunité de substantiels gains sonnants et trébuchants. Selon les invités du Forum El Moudjahid, la cybercriminalité est un phénomène qui évolue très rapidement, sa première cible, ce sont les données bancaires. Rien qu'en 2007, un million cent mille nouvelles menaces ont été recensées. En 2008, le nombre d'infections des serveurs web, sous formes de «chevaux de Troie» a évolué de 86%. L'Algérie reste, heureusement, très loin de ces chiffres alarmants. L'Algérie a pourtant connu, il y a cinq années de cela, une tentative d'attaque de l'accès Internet RTC. A l'époque, les hackers agissaient alors à partir d'une wilaya autre que la capitale. L'incident qui fut vite maîtrisé, rappelle encore une fois que l'Algérie reste concernée par cette nouvelle forme de criminalité, bien de moindre mesure. En attendant, le crime virtuel reste ambigu pour la loi qui a des difficultés à formuler la peine qui lui est conséquente.