L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a jugé l'interruption des livraisons de gaz vers l'Europe “totalement inacceptable” et a appelé, hier, la compagnie russe Gazprom et l'ukrainienne Naftogaz à les reprendre d'urgence. “L'AIE est très inquiète de l'escalade entourant le conflit entre Gazprom et Naftogaz sur la livraison de gaz à l'Europe. Malgré les déclarations rassurantes des deux parties fin décembre qui assuraient que l'approvisionnement de l'Europe ne serait pas interrompu, les livraisons sont maintenant totalement arrêtées”, s'alarme l'AIE dans un communiqué mercredi. “C'est totalement inacceptable sachant que les clients européens ne font pas partie du différend, qu'ils ont des contrats à long terme assortis de prix justes et qu'ils ont payé en temps et en heure leur gaz”, poursuit le communiqué. “L'interruption crée de grosses difficultés alors que l'Europe fait face à l'hiver le plus froid depuis de nombreuses années”, ajoute l'AIE, qui dépend de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et défend les intérêts énergétiques des pays industrialisés. L'Agence appelle donc à la fois “Gazprom et Naftogaz à reprendre les livraisons de gaz à l'Europe immédiatement et à trouver un accord rapide et durable pour solder leur différend”, conclut le communiqué. La présidence tchèque de l'UE et la Commission européenne ont, comme l'AIE, demandé la reprise immédiate des livraisons à l'UE, jugeant “inacceptable” que des pays européens soient “pris en otage” du conflit gazier entre Moscou et l'ex-République soviétique. Moscou a suspendu le 1er janvier les livraisons de gaz destinées à la consommation intérieure ukrainienne, faute d'un accord sur les prix pour 2009 et sur des arriérés de paiement. Le contentieux russo-ukrainien a débouché mercredi sur la coupure totale des livraisons de gaz russe acheminées vers l'Europe via l'Ukraine. La plupart des pays européens ressentent les effets des coupures de livraison russe, mais leur dépendance envers les livraisons de Gazprom via l'Ukraine est extrêmement variable puisqu'elle va de 0% pour la Grande-Bretagne à près de 100% pour la Bulgarie. De nombreux pays de l'ex-sphère soviétique et des Balkans figurent parmi les plus touchés.