Ce rapport est un mélange de vérités, de contrevérités et d'informations non avérées. La petite introduction qui sert d'entrée en matière à la situation des droits de l'Homme en Algérie renseigne sur ce qui va suivre. L'Algérie serait, selon le rapport, un pays que «le conflit ravage depuis 1992», et où «le taux de violence et le nombre d'homicides sont restés élevés». Les attaques ciblées ou aveugles seraient perpétrées par «des groupes armés se définissant eux-mêmes comme des groupes islamistes». Le rapport affirme que «des dizaines de civils ont été victimes d'exécutions illégales imputables aux services de sécurité ou à des milices armées par l'Etat». Parmi eux «figuraient plus de 90 civils non armés, abattus par les forces de sécurité lors des manifestations qui ont eu lieu en Kabylie». Le rapport fait aussi état qu'aucune enquête indépendante n'a été menée sur les milliers d'autres cas d'homicides, de massacres, de «disparitions», d'enlèvements et de tortures signalés depuis 1992. Le recours à la torture, selon le rapport, y est toujours «très répandu», et «de nouvelles informations ont fait état de détentions secrètes ou non reconnues». Dans la partie «homicides» du rapport d'Amnesty, les attaques terroristes sont encore douteuses: «La plupart des homicides ont lieu en dehors des grandes villes. Bien que certaines attaques se soient produites à proximité de barrages ou d'avant-postes de l'armée ou de forces de sécurité, les auteurs ont, en règle générale, pu s'enfuir sans être inquiétés». La crise en Kabylie prend sa part comme il se doit. Amnesty juge que «les gendarmes auraient tiré sur des manifestants non armés qui se trouvaient à une distance de plus de 100 mètres et ils en auraient abattu d'autres, d'une balle dans le dos, après les avoir dispersés avec des gaz lacrymogènes. Dans plusieurs cas, des manifestants ont été poursuivis jusque chez eux et abattu à l'intérieur de leur maison. Les forces de sécurité semblent avoir utilisé dans tous les cas des balles réelles.» Le rapport insiste toujours sur «les atteintes massives aux droits de l'Homme commises depuis 1992, et notamment, sur des milliers d'exécutions extrajudiciaires de meurtres délibérés et arbitraires de civils, de cas de torture et de mauvais traitements ainsi que de‘‘disparition''». Un cas de détention secrète a été cité dans le rapport, qui affirme que l'inculpé, pour «actes de terrorisme», a subi les pires atrocités avant d'être présenté à la justice, qui l'a placé sous mandat de dépôt. En résumé, le rapport n'apporte pas de nouveaux éclairages, ni de nouvelles analyses qui n'ont été, jusque-là, faits. Amnesty continue de voir dans le drame algérien une seule et unique tache noire qui n'en finit pas de s'étendre, alors qu'il aurait été plus juste de décrire une courbe descendante sur le plan sécuritaire, de nuancer les cas d'atteintes aux droits de l'Homme, de revoir la virulence des accusations portées et du vocabulaire choisi, celui-là franchement exagéré et un rien caricatural. Quoi qu'il en soit, le travail des ONG, on en veut encore et toujours. Ne serait-ce que pour mettre à nu la volonté des régimes totalitaires de disposer de la vie des gens comme ils disposent d'un bien propre. Le rapport 2.002 d'Amnesty sur l'Algérie est un mélange de vérités, de contrevérités, d'informations non avérées et d'accusations qui portent plus sur la période de 1.992-1.998 que sur l'actualité dont se prévaut le travail des enquêteurs de la secrétaire générale d'Amnesty international, Irène Khane. C'est ce qu'on appelle «l'effet d'accoutumance». Même si l'Algérie progresse sur le plan du respect des droits de l'Homme, il en restera toujours quelque chose. Toutefois, peut-être qu'«à quelque chose, violent réquisitoire est bon». On n'en demandera jamais assez à nos gouvernants d'être respectueux des droits de l'Homme.