Toutes les réunions de l'UPM prévues en janvier sont gelées à la demande de l'un de ses coprésidents, l'Egypte. Victime collatérale de l'agression israélienne contre Ghaza, l'Union pour la Méditerranée, projet-phare de la France, est gelée, les partenaires arabes refusant de rencontrer Israël. «On peut parler d'un gel jusqu'à nouvel ordre», a affirmé hier un diplomate égyptien de haut rang, ajoutant que «les Arabes ne vont pas courir s'asseoir aux côtés des Israéliens dans un tel climat». L'Egypte, qui assure la co-présidence de l'UPM avec la France, a pris l'initiative de demander le report de toutes les réunions prévues en janvier pour fixer des règles-clefs de gouvernance de l'Union méditerranéenne. En juillet dernier, le président français Nicolas Sarkozy avait lancé en grande pompe à Paris cette instance de 43 membres, dont les 27 pays de l'Union européenne, 11 partenaires arabes et Israël. Une réunion politique des hauts fonctionnaires des pays membres et des comités techniques a été suspendue «temporairement» à la demande de l'Egypte, confirme-t-on de source européenne. Ces rencontres devaient en particulier régler les questions de base, toujours en suspens, comme la composition et le mandat du secrétariat général chargé de gérer les projets concrets de l'UPM. Le Caire a évoqué une «surcharge du calendrier diplomatique» liée aux efforts égyptiens pour tenter de mettre fin à l'agression qui a déjà fait près de 1000 morts dans l'enclave palestinienne. Mais cette «excuse officielle» servie aux Européens vise à dissimuler le «sentiment insupportable», dit-on au Caire, ressenti par les partenaires arabes à devoir discuter avec une délégation israélienne. Interrogée à Strasbourg par l'agence française de presse, la représentante de l'Autorité palestinienne auprès de l'UE, Leïla Chahid, a estimé que «même un cessez-le feu ne suffira pas» pour reprendre les réunions. «Il est évident que nous n'allons pas, dans une situation où nos familles, nos enfants, nos femmes sont assassinés tous les jours par les bombardements, nous asseoir à table avec un gouvernement qui a pris cette décision». C'est déjà au forceps que l'UPM avait surmonté à la fin de l'année une mini-crise autour de l'intégration de la Ligue arabe, une proposition que récusait, tactiquement, Israël. Pour prix de son feu vert, Israël avait arraché en novembre, à Marseille, dans le sud-est de la France, un poste de secrétaire adjoint, en symétrie d'un poste similaire pour un représentant de l'Autorité palestinienne. La décision avait été aussi prise lors de cette réunion ministérielle d'installer le siège de l'UPM à Barcelone, la grande ville catalane qui a donné son nom au processus de dialogue euro-méditerranéen lancé en 1995. La France a espéré que sa nouvelle «union de projets» -comme la dépollution de la Méditerranée- permettrait notamment de dépasser les clivages politiques liés au conflit israélo-palestinien. «On est retombé en plein dedans alors que l'UPM était déjà perçue par des pays arabes comme un moyen de leur arracher une normalisation avec Israël», a déclaré à une agence de presse un diplomate du sud de l'Europe. Pour ce diplomate, pour qui les pays arabes se satisfaisaient de la «politique de voisinage» et sont «très remontés» contre Israël, «la France va peiner à remettre sur les rails l'UPM». Paris pourrait escompter un appui du Caire, même si l'initiative du président Sarkozy, lancée il y a semaine pour finir l'agression contre Ghaza, fait l'objet de commentaires mitigés dans les cercles du pouvoir. Au terme d'une visite express au Proche-Orient, M.Sarkozy avait incité le président Moubarak a annoncer mardi dernier un plan de sortie de crise, à commencer par un cessez-le-feu encore introuvable. «Ce que M.Sarkozy nous avait dit peut-être naïvement de ses contacts en Israël et en Syrie s'est avéré infondé» a estimé un diplomate égyptien de haut rang.