Cette rencontre a eu un ordre du jour des plus chargés. C'est à Boudjellil, une localité fortement déshéritée et enclavée, située au sud-ouest de la vallée de la Soummam, que les délégués des communes affiliées à la coordination intercommunale, structure représentant le mouvement citoyen de Kabylie à Béjaïa, s'étaient retrouvés pour un conclave ordinaire. Cette première rencontre, après les élections législatives du 30 mai, a eu un ordre du jour des plus chargés. Outre le bilan des actions entreprises jusque-là pour rejeter des élections et faire pression sur le pouvoir en vue de la satisfaction des revendications de la plate-forme d'El-Kseur et la libération des détenus du mouvement citoyen, les participants ont eu aussi à débattre de trois points. Il s'agit du fonctionnement de la structure, de la solidarité envers les familles des victimes du printemps noir et des perspectives d'avenir afin de donner un nouveau souffle au mouvement de protestation. Bien sûr, il a été beaucoup question du dernier scrutin des élections législatives à Béjaïa et des résultats que le Conseil constitutionnel avait validés la semaine dernière. Outre le rejet déjà exprimé, différentes attitudes à adopter par rapport à ces résultats et aux nouveaux députés ont été passées en revue. Ainsi, il a été préconisé «la mise en quarantaine des nouveaux députés». Certains représentants de commune sont allés jusqu'à proposer «l'interdiction de l'accès du territoire de la wilaya aux nouveaux députés» dont le mandat est, par ailleurs, qualifié d'«usurpé». Concernant les prochaines échéances électorales, plus précisément les élections locales (APC et APW), les participants ont convenu, après un court débat, de les rejeter et ce, conformément au principe du «rejet de toute consultation électorale jusqu'à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur», adopté par la coordination interwilayas. La proposition de «désobéissance civile graduelle», proposée avec insistance par certains animateurs, n'a pas été retenue par les conclavistes. En matière de perspective, une batterie d'actions a été adoptée en prévision de la journée du 11 juin, coïncidant avec le premier anniversaire de l'élaboration de la plate-forme d'El-Kseur et celle du 25 juin pour commémorer le quatrième anniversaire de l'assassinat du chanteur Matoub Lounès. Présent aux travaux de ce conclave, le représentant du Congrès mondial amazigh (CMA) a, au cours de son intervention, insisté sur la réactivation de la commission juridique afin, dit-il, «d'accélérer les contacts avec les ONG». A l'heure où nous mettons sous presse, la déclaration sanctionnant les travaux de ce conclave ne nous est pas parvenue. Nous y reviendrons.