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La locomotive de l'Académie berbère
IL Y A SEPT ANS, BESSAOUD MOHAND ARAV NOUS QUITTAIT
Publié dans L'Expression le 17 - 01 - 2009

Bessaoud accable, sans coup férir, certaines personnalités du monde berbère que tout le monde considère comme étant des acteurs incontestables de ce combat.
Il a été le précurseur du combat pour tamazight. Il est le père de l'Académie berbère grâce à laquelle l'éveil identitaire a pu avoir lieu. Sans l'existence de l'Académie amazighe, la langue de Mouloud Mammeri aurait sans doute connu un autre sort. Sans l'Académie, pouvait-il y avoir un Printemps berbère en 1980, tamazight aurait-elle été introduite dans le système éducatif en 1995 et reconnue par le président de la République comme langue nationale en 2002? Sans doute jamais! Interrogez n'importe quel militant de la cause berbère ou n'importe quel artiste engagé, il répondra que c'est grâce à l'Académie berbère qu'il a pris conscience de la réalité incontestable de notre vraie histoire.
A l'époque, l'histoire officielle ignorait sciemment l'étape berbère du passé de notre pays. Bessaoud Mohand Arav, en dépit de tous les excès qui peuvent lui être reprochés, reste le fondateur de cette association. Non seulement le fondateur, mais aussi son animateur principal pendant des années. Il a consenti des efforts incommensurables, d'après plusieurs de ses compagnons, afin de concrétiser son objectif. Souvent, Bessaoud Mohand Arav a eu en face de lui des opposants farouches dont la mission fut de le dissuader de mener un combat qui, à l'époque, avait les allures d'une véritable utopie. Mais la conviction était forte et profonde et la vérité devait triompher, car étant plus forte que la falsification. Dans son livre Histoire de l'Académie berbère, en plus de la chronologie des événements ayant présidé à la fondation de l'Académie, Bessaoud fait usage d'une virulence propre aux hommes sincères pour faire découvrir au lecteur le rôle négatif joué par plusieurs acteurs, militants et chanteurs. Le lecteur sera même étonné de découvrir que Bessaoud accable, sans coup férir, certaines personnalités du monde berbère que tout le monde considère comme étant des acteurs incontestables de ce combat. Les attaques de Bessaoud peuvent être marquées par un certain excès dû sans doute à toutes les mésaventures qu'il a eu à subir à l'époque des années soixante-dix. S'agit-il d'un règlement de comptes? On ne peut pas aller jusque-là car Bessaoud, tout en déplorant les actes négatifs de ces acteurs, a toutefois le mérite de ne rien dissimuler de leurs qualités et de leur apport à la question amazighe. Le livre de Bessaoud Mohand Arav porte le sous-titre: Des petites gens pour une grande cause, car il est vrai que le combat identitaire pour la reconnaissance de l'amazighité a souvent été mené par de simples citoyens. A Tizi Ouzou, des figures, connues pour avoir lutté pendant des années pour cette cause, à l'image de Ahmed Amazigh, Ahcene Cherifi et de Saïd Laimechi sont entièrement oubliées de nos jours. C'est sans doute pour rendre un hommage à tous ces militants anonymes que Bessaoud a choisi ce titre significatif. Dans les années soixante-dix, l'Académie berbère activait à partir de France où l'émigration a joué un rôle prépondérant. L'Académie berbère éditait une revue et distribuait des cours d'initiation à l'alphabet tifinagh. Ces documents se passaient sous le manteau en Algérie. Si quelqu'un se faisait attraper, c'était la prison systématiquement.
Depuis, que de chemin parcouru par le combat identitaire en Algérie. Aujourd'hui, aucun acteur politique, aussi conservateur soit-il, ne peut nier la réalité berbère. Bessaoud Mohand Arav a été aussi un écrivain qui a signé plusieurs livres tous genres confondus: le roman, le témoignage historique et le pamphlet politique et même la linguistique. Malheureusement, son roman L'identité provisoire n'est pas disponible en Algérie et, contrairement aux autres livres, il n'a jamais fait l'objet d'une réédition chez nous. Les autres ouvrages, interdits avant 1988, ont être imprimés en Algérie à l'exemple de: Heureux les martyrs qui n'ont rien vu et FFS, espoir et trahison.
Dans un livre sur l'écriture de la langue berbère, Bessaoud remet en cause la méthode de Mouloud Mammeri, auteur, de son côté, de la grammaire amazighe. Le livre de Bessaoud, jamais édité, est intitulé Et si Mammeri s'était trompé!. Bessaoud Mohand Arav était un combattant de l'ALN qui n'a été reconnu officiellement que quelques années avant sa mort. Il est enterré au village Akaoudj dans la région de Ouaguenoun, en Grande Kabylie.


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