Le patron du RND a surpris tout le monde en décidant de contre-attaquer. Le patron du RND a, désormais, de sombres jours devant lui. En décidant de se maintenir à la tête de ce parti, en voie de liquidation, il prend le risque d'aller vers de terribles déballages qui ne peuvent que nuire, un peu plus, à l'image que s'en fait la majorité des citoyens algériens. Il a fallu plus d'une semaine à Ahmed Ouyahia pour sortir de sa réserve et mettre au point son plan de contre-attaque. L'auteur des fraudes célèbres et inégalées des élections de 97 invoque, sans coup férir, la problématique de... fraude pour justifier le cuisant échec de son parti aux législatives du 30 mai dernier. Ouyahia, ce disant, rejette de facto les mises en garde et protestations de ses détracteurs qui estiment, eux, que l'échec du RND incombe pleinement à Ouyahia et à ses proches à travers la confection de listes contestées par le parti tout entier et qui n'avaient donc aucune chance de faire florès au sein des militants. Mieux encore, Ouyahia refuse de s'attarder sur sa décision de geler les conseils de wilaya, regroupant des milliers d'élus, sans lesquels, donc, le RND a été incapable de mener à bien sa campagne électorale. Il tente, sans grand succès sans doute, de minimiser son échec en indiquant que le lot de tout parti politique est de connaître régulièrement des hauts et des bas selon les conjonctures endogènes et exogènes à la formation politique. Ouyahia, qui, certes, en a vu d'autres, est résolu à aller jusqu'au bout de sa logique, à défendre sa place quitte, chemin faisant, à pousser à l'implosion irrémédiable du parti. Outre la réunion des coordinateurs de wilaya prévue ce week-end, le patron du RND prévoit de tenir un conseil national le 20 juin prochain. Déjà, les armes sont affûtées de part et d'autre de la ligne de front et d'affront. Ouyahia, qui espère que d'ici à là la composition du futur gouvernement sera enfin connue, compte beaucoup sur Ali Benflis pour le sortir de ce mauvais pas en le servant «correctement». Les frondeurs, animateurs chevronnés de la commission de sauvegarde du RND, ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, Ouyahia doit partir afin de donner au moins une chance au RND de faire un moins mauvais score lors des élections locales prévues d'ici au mois de septembre prochain. Le conseil national, plus ou moins souverain, devra départager ces deux courants devenus inconciliables. D'ici au 20, faisant honneur à la coutume, des tractations de coulisses, des menaces et des promesses mirobolantes sont mises en branle afin de garantir sa majorité à celui qui compte sur le RND pour en faire un tremplin pour la future présidentielle.