Sa famille craint pour sa vie. La famille de Ali Benhadj a adressé, jeudi, une lettre très urgente au procureur de la République près la cour de Blida afin d'attirer son attention sur «les conditions de détention de plus en plus précaires» de l'ex-numéro 2 du parti dissous. La lettre a été rendue publique hier par le journal Asharq Al-Awsat qui en a reçu une copie. Celle-ci précise que la famille du détenu, qui purge une peine de douze années de prison ferme, l'a vu pour la dernière fois le 27 mai dernier. Elle a pu constater à cette occasion, «à quel point se sont dégradées les conditions liées à sa détention». Cela, précise encore la lettre, «n'a pas été sans conséquences sur la santé du détenu dont les jours seraient carrément comptés». La lettre, en effet, précise que «la vie de Ali Benhadj dépend de la suite qui sera donnée à cette énième lettre». Une lettre qui interpelle, par ailleurs, toutes les autorités civiles, militaires et religieuses du pays afin qu'«elles oeuvrent à faire libérer le détenu au nom de l'humanisme». L'on croit savoir, à ce propos, que dans le cadre des mesures d'apaisement programmées en ce sens, le sort de Benhadj pourrait s'«adoucir» dans un proche avenir. Ali Benhadj, pour rappel, aura purgé, au mois de juillet prochain, onze années sur les douze prononcées contre lui par le tribunal militaire. En règle générale, un détenu est censé être libérable une fois les trois-quarts de sa peine purgés. Benhadj, lui, en a fait la presque totalité puisque dans un peu plus d'une année, il devrait être de nouveau libre. Cette libération, du reste, coïnciderait avec la présidentielle de 2003. Abassi Madani, interpellé et condamné en même temps que son bras droit Benhadj, a, lui, bénéficié de mesures de clémence très importantes. Il a, en effet, été libéré sous le règne de l'ancien Président Liamine Zeroual avant d'être mis en résidence surveillée pour ne pas s'être conformé au droit de réserve dicté par sa condition de contrôle judiciaire. Pour rappel, aussi, une précédente affaire avait éclaté par rapport aux conditions de détention de Ali Benhadj et à la dégradation très préoccupante de sa santé. Louisa Hanoune avait pris sur elle, on s'en souvient, de saisir à ce sujet le Président de la République. Une réponse écrite par Abdelaziz Bouteflika n'avait pas tardé à parvenir au porte-parole du PT. Une réponse particulièrement positive et qui a été suivie, devait-on apprendre, par une notable amélioration des conditions de détention de Benhadj, mais aussi par des autorisations de visite (suspendues jusque-là) et à une prise en charge médicale efficiente. Voilà que tout semble être de nouveau remis en cause à la lecture de cette nouvelle missive. En dépit de la dégradation de la santé de Ali Benhadj, que l'on dit particulièrement préoccupante, l'ex-numéro 2 du parti dissous réussit régulièrement à faire sortir des communiqués relatifs à la situation qui prévaut dans le pays. Le dernier en date, comme relevé dans notre journal, concernait les incendies dans les prisons. Il s'en était pris, à cette occasion, au ministre de la Justice, mais aussi au système carcéral d'une manière générale, révélant au passage avoir écrit un livre de 300 pages sur le sujet avant d'être «confisqué et brûlé» par les gardiens de la prison.