sa prochaine libération suscite déjà des interrogations à profusion. Dans une lettre envoyée il y a quelques jours, la famille de Ali Benhadj renouvelle sa demande d'audience auprès du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Selon les termes de la lettre, cette demande est motivée par «les contradictions qui décalent les propos conciliants du Président avec les conditions de détention particulièrement éprouvantes de Ali Benhadj», qu'ils décrivent comme «inhumaines». La lettre décrit aussi Ali Benhadj comme étant l'objet de «manoeuvres sournoises» de la part de certains cercles, et «qui peuvent aboutir à des effets catastrophiques». Le Président de la République est interpellé en sa qualité de premier magistrat du pays, et, donc, de dernier recours. Par ailleurs, une seconde lettre a été adressée au procureur de la République près le tribunal militaire de Blida. Pathétique, conciliante, cette correspondance décrit les conditions de vie du prisonnier, son état de santé déclinant, ainsi que le refus d'avoir des visites familiales continues. «La durée des visites a été revue à la baisse depuis neuf mois et diminuée d'une heure et trente minutes à vingt minutes», outre que «l'isolement dans lequel il reste confiné éprouve particulièrement la santé du prisonnier et le met dans une situation de grave dépression». La lettre adressée au procureur de la République note avec regret que le prisonnier est interdit d'accès à l'information écrite depuis six semaines et que cela ressemble à «une tentative de l'isoler totalement de la société algérienne», et cela à quelques semaines de sa libération (celle-ci doit, en principe, intervenir vers la fin du mois de juin 2003, ndlr). La lettre «chute» sur cette complainte: «L'état de santé de Ali Benhadj est inquiétant et cela, sans verser dans aucune surenchère, vous êtes en droit de voir de près les conditions de détention très restrictives du prisonnier, afin, éventuellement, de les améliorer dans un sens qui ferait honneur à un Etat de droit.» Voilà, donc, le contenu des deux lettres envoyées, la première au Président de la République, la seconde au procureur près le tribunal militaire de Blida. Dans le même temps, des contacts avaient été établis avec les personnalités politiques proches de la mouvance islamiste, les ONG et les avocats de l'opposition. Ces contacts tous azimuts tendent à faire pression sur les autorités, mais il s'avère d'ores et déjà établi que le prisonnier purgera la totalité de sa peine, qui prendra fin en juin 2003. Cette libération très proche dans le temps suscite déjà des interrogations et alimente les débats. Et il y a lieu de croire qu'à l'approche de la présidentielle de 2004, cette tendance ira crescendo. Le MSP, Ennahda et le MRN en font déjà un atout-maître, et la libération de Benhadj et le dialogue sans exclusive, sont autant d'arguments politiques dont ils useront à satiété. Pour le clan des démocrates-éradicateurs, la libération de Ali Benhadj est perçue autrement. Maintenir le prisonnier sous pression, faire en sorte que sa libération soit soumise à des restrictions civiques et éloigner les radicaux de la mouvance islamiste de toute aire d'activité politique légale sont autant de points forts dans leurs discours. Dans tous les cas de figure, il y a à relever ceci: la mouvance islamiste radicale constitue l'axe autour duquel s'articule le discours politique actuel.