L'enseignement de tamazight ne doit pas connaître les mêmes erreurs qu'a connues par le passé l'enseignement de la langue arabe. «L'enseignement de la langue amazighe en Algérie souffre du manque d'enseignants qualifiés», a affirmé le ministre de l'Education nationale lors de sa visite d'inspection, avant-hier, dans la wilaya de Bouira. Et Boubekeur Benbouzid de préciser: «Ce n'est pas la quantité qui compte, mais la qualité.» Selon le premier responsable de l'Education nationale, les postes d'enseignement de tamazight existent. «Pour l'enseignement de tamazight, nous pouvons ouvrir autant de postes que l'on souhaite. Nous avons tous les postes qu'il faut, mais le problème qui se pose actuellement c'est le manque d'enseignants qualifiés», a-t-il précisé. Interpellé sur le cas des enseignants contractuels de tamazight, M.Benbouzid a été catégorique en affirmant que la loi, dans ce cas de figure, est claire et précise. Pour accéder au poste d'enseignant, il faut être armé d'un diplôme (licence) de l'enseignement supérieur. «Tout enseignant doit être détenteur d'une licence de l'enseignement supérieur», souligne le ministre, qui précise que son département «ne reconnaît pas les enseignants ne répondant pas à ces critères». Aussi, exhortera-t-il les responsables à être vigilants pour que «l'enseignement de tamazight ne connaisse pas les mêmes erreurs qu'a connues l'enseignement de la langue arabe par le passé».Et d'être plus explicite: «Le fait de procéder à la régularisation des contractuels sans tenir compte de leur qualification, est une décision allant à contre-courant de la politique de la promotion de l'enseignement de la langue amazighe.» «Maintenant, si on me demande d'écraser tamazight, je ne suis pas capable de le faire, et je ne serai pas là pour le faire. On en a assez fait par le passé avec la langue arabe. On ne va pas refaire les mêmes erreurs aujourd'hui», a-t-il martelé. Sur sa lancée, le ministre a tenu à mettre les points sur les «i» concernant la régularisation des enseignants contractuels. «Quiconque veut être enseignant doit passer le concours tout en étant qualifié pour enseigner la matière qu'il souhaite enseigner», a-t-i1 dit. «Je ne peux pas régulariser quelqu'un qui n'a pas de diplôme», ajoute-t-il. Pour revenir à la visite proprement dite, le constat est loin d'être satisfaisant. Les projets inspectés accusent des retards atteignant parfois quatre ans. En effet, 17 CEM et 10 lycées devaient être opérationnels depuis deux ans. Et le ministre n'a pas caché son mécontentement. «Celui qui n'achèvera pas le projet dans les délais, n'aura pas son argent», a-t-il menacé en s'adressant aux entreprises chargées de réaliser les établissements scolaires. «L'argent est disponible», a-t-il tenu à souligner, mais «un vrai travail en normes et dans les délais est attendu de la part des entrepreneurs». Abordant la question de la réévaluation des projets, de l'ordre de 50%, le ministre s'est dit opposé «il faudra revoir cette réévaluation à la baisse. Cela coûte à l'Etat de grosses sommes d'argent». Aussi, pour en finir avec ce problème et permettre à toutes les localités de disposer d'établissements scolaires, le ministre a fixé le mois de septembre comme date butoir aux entreprises pour achever les travaux. Apostrophé sur les scandales secouant la direction de l'éducation de Bouira, M.Benbouzid s'en est remis au ministre du Travail et à l'Ugta. «Le scandale des emplois fictifs et celui des oeuvres sociales relèvent de ces deux organismes», a-t-il conclu.