Le Hamas rejette la décision d'Israël. Les combats ont repris hier dès le lever du jour. Le scénario mis en scène par l'Etat hébreu avec la complicité de leurs parrains américains n'aura tenu finalement que quelques heures. L'armée israélienne, qui avait décidé de faire taire ses canons de façon unilatérale, a dû en refaire usage. Le prétexte des tirs de roquettes qui se sont abattues sur Sderot dans le sud de son territoire. Cela a suffi pour que les hostilités reprennent. Raids aériens et offensive au sol. La liste des martyrs palestiniens continue de s'allonger. Tout porte à croire, du côté israélien du moins, que l'agression de l'armée de l'Etat hébreu qui avait commencé le 27 décembre, allait prendre fin pour permettre au 44e président des Etats-Unis d'Amérique de prêter serment demain en apothéose, dans la liesse et l'allégresse. La fête risque fort d'être gâchée. L'événement planétaire et historique qui doit voir pour la première fois un président noir s'installer à la Maison-Blanche, sera marqué de toute évidence par la sauvage agression de l'armée israélienne contre les Palestiniens de la bande de Ghaza. George W.Bush quittera le bureau Ovale sans avoir tenu la promesse de sa «vision» de deux Etats, la Palestine et Israël: Un Etat pour les Palestiniens avant la fin 2008, n'aura été qu'une chimère. Sur la terre de Palestine les armes ne se sont pas tues. Les Américains et les Israéliens l'ont voulu ainsi. Cette nouvelle guerre, qui a été planifiée pour trois semaines, l'a été avec la bénédiction de l'hyperpuissance américaine. Elle a été annoncée depuis une capitale arabe, Le Caire, au nez et à la barbe du président égyptien Hosni Moubarak, par la ministre israélienne des Affaires étrangères. «Le Hamas a décidé de cibler Israël, cela doit être stoppé et c'est ce que nous allons faire», avait annoncé Tzipi Livni, qui était en visite en Egypte quarante-huit heures avant l'offensive de l'armée israélienne contre la bande de Ghaza. A moins que Mme Livni n'ait été au Caire pour chercher le «feu vert» de l'Egypte à l'agression contre la bande de Ghaza. En tout état de cause, le ton était donné. Le Raïs égyptien n'avait rien trouvé à redire si ce n'est d'apporter une petite rectification: «Le président Hosni Moubarak a dit clairement qu'il ne devait pas y avoir de punitions collectives», avait confié Ahmed Aboul Gheit, le chef de la diplomatie égyptienne. Le résultat, on le connaît. Plus de 1200 Palestiniens ont péri (chiffre qui dépassait hier les 1300 après la découverte d'une centaine de corps dans les décombres de maisons palestiniennes, en majorité des femmes et des enfants) dans les raids et les bombardements de l'armée israélienne. La punition fut bien collective et la rue égyptienne l'a bien compris ainsi qui hurlait à tue-tête «A bas Moubarak». Il n'est un secret pour personne que depuis que la bande de Ghaza est sous le contrôle du mouvement islamiste palestinien, certains pays arabes, en l'occurrence l'Egypte et l'Arabie Saoudite, particulièrement, craignaient pour leur sécurité et entretenaient une méfiance certaine et à peine voilée vis-à-vis de Hamas, qui ne reconnaît pas l'Etat d'Israël. Moubarak qui vit désormais en paix avec l'Etat hébreu, ne veut pas d'un conflit qui s'étendrait à l'intérieur de ses frontières. Le Royaume wahhabite, grand ami des Etats-Unis d'Amérique devant l'Eternel, voit d'un mauvais oeil un mouvement islamiste inféodé au Hezbollah et qui pourrait porter atteinte à sa stabilité vu ses accointances avec l'administration américaine, considérée comme responsable de tous les maux dans la région. Le soutien indéfectible des USA à Israël en est la preuve. Y a-t-il eu conspiration contre le mouvement islamiste palestinien? Ce qui est sûr c'est que certains pays arabes étaient au «parfum» de ce qui se mijotait contre Ghaza. Affaiblir le Hamas dans la bande de Ghaza et neutraliser sa branche militaire, n'était certainement pas pour leur déplaire. Les brigades Azzedine El Qassem qui ont mis en déroute les forces du Fatah règnent en maître sur la bande de Ghaza. En revanche, le président de l'Autorité palestinienne s'est retrouvé affaibli après les coups portés à sa crédibilité. Israël a judicieusement et sournoisement joué. Il comptait sur cette nouvelle redistribution des cartes pour décréter par la force un cessez-le-feu unilatéral négocié et élaboré à Washington par la belliqueuse ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni. Le timing semble avoir été minutieusement choisi. Hillary Clinton, la nouvelle secrétaire d'Etat américaine de l'Administration Obama, reprendra le flambeau laissé par Condoleezza Rice pour éteindre l'incendie d'un conflit qui dure depuis plus de 61 ans et donner la pleine mesure du nouveau staff démocrate. Il serait cependant étonnant que la politique pro-israélienne des Etats-Unis fléchisse.