Quels sont les objectifs assignés à cette grossière opération d'intox, avec le risque de provoquer l'irréparable? De folles rumeurs ont couru, hier, dans toutes les villes d'Algérie faisant croire à la victoire du Onze national sur tapis vert pour une question de dopage de la sélection marocaine qui avait remporté le gain du match sur le terrain par un score de 3 buts à 1 et faisant état d'une éventuelle qualification algérienne en demi-finale de la 24e de la Coupe d'Afrique des nations qui se déroule à Tunis. Une rumeur dénuée de tout fondement du fait que la sélection nationale a regagné, hier, Alger. De ce fait il est plus qu'inquiétant de voir de quelle façon une rumeur, la plus saugrenue qui soit, puisse se propager en ondes amplifiées jusqu'à soulever immédiatement tout un pays à l'ère de la communication instantanée. Le bouche à oreille, dans un des pays les plus vastes du monde, a vaincu l'Internet, les médias publics et privés et, plus grave que tout, le bon sens. Comme une traînée de poudre la rumeur a fait le tour d'Algérie pour susciter un engouement populaire sans pareil. En effet de Annaba à Oran en passant par Alger et d'autres wilayas du pays, les inconditionnels des Verts sont sortis dans la rue pour manifester leur joie et exprimer un sentiment de déception longtemps refoulé. Cet état de fait s'est largement aggravé par la déficience des médias lourds et des pouvoirs publics qui n'ont pas réagi à temps pour remettre les choses dans leur contexte. En effet, ce n'est que trois heures plus tard que la radio nationale a réagi dans un communiqué laconique pour infirmer l'information, tandis que la télévision, le média le plus lourd, a mis quatre heures pour démentir la rumeur tout comme l'agence officielle, APS, qui n'a repris les déclarations du directeur de la communication de la CAF qu'à 16h49'. Au-delà du fait que les résultats des tests pour dopage ne sont connus que 48 heures après la prise, qui est donc derrière cette rumeur qui, outre son aberration, induit toute une nation en erreur? Voilà toute la pertinente question qui s'impose d'elle-même. En effet dans le contexte particulier que vit le pays, qui a gagné à ce que tous ces milliers d'inconditionnels des Verts occupent la rue pour manifester leur joie avec le risque de débordements que ce genre de manifestations engendrent. Quel challenge cherche-t-on à atteindre en lançant de fausses nouvelles qui mettent le peuple dans la rue? Quel est le but recherché à cette grossière opération d'intox, avec le risque de provoquer l'irréparable? Ceci s'apparente beaucoup plus à une manipulation politique ayant fait des disciples au pays de Kafka. Ce genre de procédé a déjà été utilisé en 1988 avant les événements du 5 octobre qui ont obligé le président de l'heure à ouvrir le champ politique alors fermé. Cette manière d'agir a trouvé son apogée dans les événements de Kabylie qui ont été amplifiés au point de faire 124 morts, des milliers de blessés et des centaines de handicapés. En outre, et pour déstabiliser le président de la République la même technique a failli réussir en 2002 à Khenchela et plusieurs autres régions du pays. A l'orée d'un événement aussi important que l'élection présidentielle, les experts des laboratoires spécialisés dans la manipulation et l'intox ont failli réussir leur coup. Même si l'origine de cette rumeur demeure pour l'heure difficile à déterminer et à fixer, il n'en demeure pas moins qu'une volonté délibérée existe dans un but, pour le moment, inavoué. Cherche-t-on à ensanglanter le pays une fois de plus à l'approche de la présidentielle dont le président de la République vient de convoquer officiellement le corps électoral pour le 8 avril prochain? Ou bien veut-on simplement reporter la prochaine échéance électorale? Une éventualité que les observateurs de la scène politique nationale n'excluent pas.