Cravate bien ajustée et tenue classique, les députés dérogent à la règle pour faire acte de présence, bien plus, ils arrivent même avant l'heure. La session parlementaire d'automne consomme ses délais aujourd'hui. Cinq mois après son ouverture, le 02 septembre 2008, la session tire à sa fin. Ainsi, les deux chambres du Parlement (APN- Sénat) plient officiellement leur agenda, et ce, comme le dicte la Constitution. Sénateurs, députés et tout le staff gouvernemental sont conviés à la cérémonie de clôture. Le show est à la fois grandiose et ordinaire. C'est devenu presque un «rituel protocolaire». Un discours de clôture et la séance est levée en moins d'une heure de temps. Que ce soit à l'APN ou au Sénat, le menu est le même. Allocution classique du président, meublée d'un petit bilan et de quelques éloges envers le gouvernement et la Présidence, et la session est levée. Les lieux qui grouillent de monde se vident, dans un laps de temps plutôt court, pour renouer avec le calme. Une fois que le cortège ministériel quitte la scène, on n'y retrouve presque personne. Ce rendez-vous traditionnel prend cependant l'allure des grands événements. Aujourd'hui, tout le monde est présent. Cravate bien ajustée et tenue classique, les élus du peuple dérogent à la règle quotidienne pour faire acte de présence. Ils arrivent même avant l'heure. A l'intérieur comme à l'extérieur de l'hémicycle, on se bouscule pour trouver une place et s'asseoir près des invités de marque. Parler du syndrome de l'absentéisme parait illusoire et même exagéré en ce moment précis. Qu'ils soient résidants à Alger ou au fin fond du pays, les élus bravent toutes les contraintes pour assister à ce cérémonial, considéré comme un événement sacré de l'activité législative. Les caméras de l'Entv ne trouvent pas de difficulté pour garnir le JT de 20 heures. Les 389 sièges que compte l'hémicycle Zighoud Youcef, sont tous occupés. Certes, le Conseil de la nation est également frappé par ce syndrome de l'absentéisme mais à un degré moindre par rapport à l'Assemblée. «Ce mouvement nous ne l'enregistrons que trois fois par année, une fois que le gouvernement quitte les lieux vous ne trouverez presque personne ici», nous confie un ancien fonctionnaire à l'APN. «Même durant les débats, il est rare où vous voyez une forte présence», témoigne-t-il. Effectivement, certains élus marquent leur présence juste un temps avant de se livrer ensuite à leurs propres affaires. «Le phénomène de l'absentéisme devient terrible», déplore un président de groupe parlementaire de parti. «Parfois nous nous retrouvons moins nombreux que les membres du gouvernement dans les travaux de commissions», ajoute-t-il. Et d'enchaîner: «Nous ne pouvons pas avancer avec ce comportement. On a beau insister auprès d'eux pour qu'ils fassent preuve de plus de rigueur, en vain», explique-t-il avant de lâcher: «Sincèrement je ne comprends pas ce comportement.» Ce responsable se dit favorable à ce qu'il y ait un système de sanction contre les absences et ce, afin d'inciter les élus à plus de discipline dans le travail. «Nous allons proposer un projet dans ce sens au bureau de l'APN afin de mettre de l'ordre dans l'activité parlementaire», a-t-il avancé. Cet avis est partagé par les représentants de certaines autres formations politiques qui siègent au Parlement. «Nous sommes tout à fait d'accord sur ce point. Il faut absolument mettre un terme à la non-participation car lorsqu'il y a un projet de loi qui est soumis a l'étude, tous les membres de la commission doivent contribuer à son examen pour bien débattre le contenu et l'enrichir, ce qui n'est pas le cas malheureusement», regrette un autre député présidant une commission parlementaire. «Généralement, on se retrouve réduit à un petit groupe à se "coltiner" tout le travail», a-t-il encore souligné. «Ce problème affecte beaucoup plus les commissions secondaires.» «Nous n'avons pas ce genre de problèmes à notre niveau», assure pour sa part le président de la commission des affaires juridiques et administratives.