La séance matinale de l'APN ne s'est pas tenue hier faute de quorum. C'est une habitude. C'est presque une règle. Les députés semblent oublier souvent qu'ils doivent assister à des séances où ils doivent voter des lois qui engagent l'ensemble du pays. Ils s'absentent. Ils ne rendent compte à personne. Reviennent quand ils veulent. Reprennent comme bon leur semble. Prennent des vacances comme ils l'entendent. Se reposent et se prélassent autant qu'ils le désirent. Quittent l'hémicycle Zighoud Youcef pour ne revenir que des mois après. Si on ne mange plus dans cet hémicycle parce que le restaurant parlementaire est fermé par une stupide décision, on vient discuter dans les coulisses, prendre l'air du temps, siroter un thé, voir les copains et... on repart. Et à la prochaine ! Cette légèreté et cette nonchalance d'élus chargés de parler au nom de la nation a de quoi inquiéter. A de quoi révolter. Que font les députés à longueur d'année pour se permettre des congés presque permanents ? L'actuelle session d'automne, ouverte début septembre 2005, sera clôturée la semaine prochaine. La session de printemps s'ouvrira en mars. Entre temps, les députés vont profiter de grasses matinées, de longues siestes et de balades nocturnes pendant... un mois et demi. Et qu'a-t-on fait durant les cinq mois de la session d'automne ? A peine sept lois ont été adoptées. Sept lois seulement. Un simple calcul fait ressortir que depuis son installation, en 2002, l'actuelle APN a voté, jusqu'à fin décembre 2005, 62 lois. Ce que des parlements normalement constitués et démocratiquement élus débattent et votent en une seule session. Est-ce normal pour une institution qui avale, chaque année, des milliards de centimes de se contenter de ce que lui propose le gouvernement comme textes ? A ce jour, l'institution dirigée par Amar Saâdani, militant du FLN et membre de l'UGTA, n'a fait aucune proposition de loi. Elle n'a pris aucune initiative pour créer des commissions d'enquête sur les scandales qui secouent, de temps à autre, la sphère économique et financière. Les députés ne s'inquiètent même pas du suivi des rares questions orales qu'ils osent poser au gouvernement. Gouvernement qui, bien entendu, prend tout son temps, lui aussi, pour répondre à ces questions lorsque cela lui arrive de le faire. Les députés se sont réveillés ces derniers jours pour rejeter, comme un seul homme, un article de la nouvelle loi anticorruption parce qu'il prévoyait « une révocation du mandat électoral » en cas de non-déclaration du patrimoine. Les parlementaires savent défendre « leurs » intérêts. Pour cela, ils font preuve d'un « courage » exemplaire. Le débat sur les gros salaires des députés n'est pas encore ouvert. Comme celui des privilèges et de la gestion interne des finances de l'APN. APN où aucune transparence n'existe.