Les familles algériennes se sont endettées de près de 2500 milliards de dinars durant l'exercice 2008 contre 1800 milliards de dinars en 2006. La bourrasque soulevée par la crise financière mondiale et qui a secoué l'économie de divers pays, a-t-elle eu un impact sur les institutions financières nationales et étrangères en Algérie? Les prêts accordés aux agents économiques par les différentes banques ont-ils été réduits? Apparemment rien de tout cela, comme si l'Algérie évoluait en marge de tous ces événements. «La crise financière n'a pas changé notre mode de fonctionnement. Nous avons toujours la capacité et la volonté d'accompagner la clientèle qui nous sollicite», soutient un haut responsable travaillant pour le Crédit populaire d'Algérie (CPA). «Cependant les clients doivent s'engager à respecter le délai d'échéance accordé par nos services», a-t-il ajouté. «Les conditions de prêts accordés, aux particuliers et investisseurs, sont toujours les mêmes», note pour sa part un responsable de la direction commerciale au niveau de la Banque extérieure d'Algérie (BEA). Qu'en est-il du nombre des demandeurs de crédit? A-t-il baissé? On retrouve la même assurance chez les responsables des institutions financières algériennes puisque «les formules de prêt en Algérie, varient d'une période à une autre et de ce fait, le nombre de demandeurs est presque statique». Et puis, la crise financière n'a pas eu d'effet sur les modalités et les conditions de travail de nos établissements bancaires. Mais l'Algérie n'est pas à l'abri d'une crise financière qui fait vaciller les économies les plus solides de la planète. C'est qu'à long terme, ces prêts peuvent avoir les mêmes effets désastreux qu'ont connus les banques américaines. Selon M.Serraï, économiste et consultant international, «le danger de l'abondance des prêts accordés par les banques, qu'elles soient publiques ou privées, est réel. Car cette situation pourrait provoquer un surendettement des particuliers et donc l'incapacité de remboursement des dettes sera tangible». Néanmoins, la prise de conscience des établissements bancaires au sujet de ces crédits excessifs, est mitigée. «Certaines banques primaires sont craintives aux conséquences de ces facilités de prêts à long terme et notamment afin de ne pas subir les mêmes affronts que les banques américaines». Il n'en demeure pas moins, qu'«il y a un déficit monumental, qui a trait au manque d'information et de communication entre les établissements bancaires et les opérateurs économiques tels que les confédérations des patronats, par des relais professionnels rapides». Toutefois, malgré le spectre d'un surendettement des particuliers, l'achat à crédit se fait de plus en plus de nos jours. Le crédit à la consommation, le crédit automobile, le crédit pour les biens immobiliers, l'électroménager ainsi que l'outil informatique sont des opérations financières qui sont intégrées depuis quelques années dans les moeurs de la société algérienne. Soulignons dans ce sens qu'un prêt bancaire se compose de plusieurs données: la somme empruntée (capital octroyé), le taux d'intérêt qui est librement fixé par les banques et peut être fixe ou révisable. Il varie aussi, selon le «risque» présenté par un projet. Les derniers composants de cette procédure concernent la durée de ce prêt et surtout le niveau de mensualité de l'emprunteur. Avant toute opération de crédit, les employés de la banque étudient soigneusement chaque cas, notamment celui de la solvabilité de la personne ou bien de l'entreprise pour accorder le crédit. La spécificité des banques privées est, généralement, la facilité et la rapidité des crédits accordés ayant trait aux crédits à la consommation ainsi qu'aux prêts des petits commerçants. Pourtant, un point noir subsiste au milieu de tous ces aspects positifs: la diffusion de publicité mensongère. C'est ce que nous a révélé M.Serraï. «Je déplore la stratégie marketing de certaines banques étrangères dont la contradiction est flagrante entre l'enseigne diffusée et la réalité sur le terrain.» «Concernant les banques publiques, il y a plus de lenteurs pour l'octroi des crédits, cependant cela permet une meilleure étude du risque, c'est ce qui fait de ces banques le choix par excellence lors d'un investissement à long terme.» En somme, les Algériens sont devenus des adeptes de ce genre de pratiques, sans pour autant évaluer l'endettement ahurissant qui pourrait causer leur perte. Près de 1800 milliards de dinars de crédits octroyés durant l'année 2006, et environ 2500 milliards de dinars durant l'exercice 2008. D'ailleurs, un agent de la Banque nationale d'Algérie (BNA), nous révèle: «De plus en plus de retraités sollicitent notre agence pour l'achat d'ordinateur.» Il paraît clairement que les Algériens ne veulent plus se priver d'une aisance et d'un confort social ainsi que des dernières technologies. Evoquons dans ce cadre que la BNA a pris en charge le crédit Ousratic. Les banques algériennes n'ont, cependant, pas, encore intégré une politique de prévention, afin de ne pas tomber dans le même engrenage qui a secoué les banques américaines. Ce qui n'est pas le cas des banques étrangères implantées en Algérie, qui ont toutefois changé leurs conditions des crédits octroyés. Citons l'exemple de la Société Générale qui a pris le devant et a changé ses modalités de travail suite à la crise financière. «Nous avons changé les conditions des prêts octroyés. L'emprunteur doit avoir des mensualités de salaire de 35.000DA». «Le taux d'intérêt a aussi changé, pour les prélèvements des comptes CCP, il est de l'ordre de 11,50% et pour les domiciliations du salaire il est de 9,90%. Notre agence exige, par ailleurs, l'acquisition d'un compte dans notre banque afin de bénéficier d'un crédit au sein de notre établissement», selon une représentante de la SG. Cette politique permettra à la société de se prémunir des aléas d'une éventuelle crise. Il faut savoir que la conjoncture actuelle qui frappe de plein fouet l'économie mondiale, est liée directement aux prêts excessifs et abondants octroyés aux Etats-Unis aux ménages aux revenus très modestes et peu solvables. Les causes de cette crise sont imputées aux banques américaines qui ont pratiqué des taux de crédit trop faibles. D'où le nombre important des ménages et investisseurs qui s'adonnent à ce genre de pratique. Des établissements avaient accordé des crédits immobiliers à risque. La crise financière s'est ensuite diffusée dans tout le système financier. Ce dernier s'est trouvé, ainsi, au coeur d'une crise de confiance, et qui a causé la chute des marchés boursiers. D'après les déclarations des employés de banques, l'achat à crédit est devenu un phénomène de société, de plus en plus d'Algériens l'utilisent. Le hic dans ces formules de facilité de crédit est de savoir tirer les leçons des dérives occasionnées par les prêts des banques américaines par trop nombreux et sans mesures des risques!