«Il peut sembler une gageure que de parler de Ouma El Arabia tant les matériaux sont dispersés et les initiatives rares pour ne pas dire inexistantes», a déclaré le poète égyptien. «Aperçu sur la situation du monde arabe», «sa contribution à la pensée politique», et «la contribution aux arts, à la littérature et à la culture». Telles sont les questions abordées lors de la conférence de presse organisée, hier, par le Théâtre national algérien, qui entre dans le cadre «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe», et animé par le grand poète engagé égyptien, Ahmed Fouad Nedjm. D'après lui, «les obstacles majeurs à la démocratie dans les pays arabes, il faut aller les chercher dans le type des régimes politiques mis en place. Les analogies sont frappantes. Par exemple, un leader adulé des foules, un parti unique qui fait obstacle à toute opposition, une mainmise de l'armée, des services secrets et de la sécurité nationale, un nationalisme outrancier qui favorise son clan, une économie fermée, étatisée, un environnement délibérément archaïque pour faire obstacle au progrès. La réalité est que les peuples arabes sont, à ce jour, privés de leurs droits fondamentaux. Ces peuples subissent les intimidations et les entraves. Autrement dit, c'est la dictature programmée des peuples dominés. Tel est la situation du monde arabe». Et d'ajouter que «l'intention de ces décideurs est ne jamais rompre avec la période de la personnalisation de leurs pouvoirs, même en violant les droits de l'homme». Enchaînant que «les donneurs d'ordre arabes se servent du prosélytisme ‘'islamique'' pour faire disparaître la diversité afin de régner sans partage. Pour la démocratie ou la laïcité, ces derniers les perçoivent comme un danger. De peur de voir l'émergence de ce dernier comme une menace à l'ordre politique établi et aux privilèges matériels qu'ils distribuent à ceux qui en font partie.» Il s'agit là de faits réels et concrets qui prouvent que ces décideurs enfreignent les principes universels de la démocratie et des droits humains. Toutefois, cela n'est pas une raison de baisser les bras après tant de sacrifices. D'ailleurs, sur le génocide qu'a vécu la population de Ghaza, le poète égyptien n'a pas été tendre avec les décideurs des pays arabes en déclarant que «dans tous les cas, et même dans les périodes les plus favorables, les coalitions arabes ont toujours été plutôt "lâches", regroupant des adversaires aussi bien que des alliés, chaque Etat préservant jalousement ses prérogatives et cherchant à se ménager le plus d'espace possible pour agir à son gré, ce qui ne favorise pas des interventions stratégiques concertées». Le poète indique qu'«il peut sembler une gageure que de parler de Ouma El Arabia tant les matériaux sont dispersés et les initiatives rares pour ne pas dire inexistantes. Et pourtant, pendant que l'Europe était encore plongée dans les ténèbres de l'inculture, les pays musulmans et plus précisément au Maghreb, ont vu naître des hommes illustres qui ont permis le rayonnement de cette région qui a beaucoup apporté aux pays qui sont des forces mondiales actuellement». Ahmed Fouad Nedjm est un poète égyptien né en mai 1929. Il est connu pour ses poèmes révolutionnaires surtout après la Nakba, en 1967 et pour ses critiques virulentes envers les présidents égyptiens et les chefs arabes, ce qui lui a coûté 18 ans de prison. Mais cela ne l'a pas empêché d'écrire des poèmes même en prison. Il a travaillé, notamment avec Cheikh Imam.Il est à souligner que la tournée de ce poète égyptien se poursuivra demain, à Oran.