Désormais, chaque dinar dépensé sera comptabilisé. Les agents de l'IGF passeront du contrôle usuel à celui d'experts. «Comment garantir le bon usage de chaque dinar?» C'est la question à laquelle ont tenté de répondre, hier, les participants au premier Forum sur la gestion budgétaire en Algérie. Dans son allocution d'ouverture, Karim Djoudi, ministre des Finances, a souligné que la réforme budgétaire engagée par les pouvoirs publics à travers, essentiellement, la loi organique relative aux lois de finances, constitue «un axe essentiel dans la réforme de l'Etat». M.Djoudi a indiqué également que le projet de loi organique relative aux lois de finances (Lolf), récemment adopté par le Conseil du gouvernement qui constitue «le soubassement juridique de cette réforme budgétaire» sera accompagné d'une refonte du mode de gestion du budget de l'Etat par une approche «novatrice» dans la gestion publique et la mise en place d'une gouvernance budgétaire basée sur la culture de résultat et de performance dans la gestion des dépenses de l'Etat. Cette démarche doit, en outre, inclure une liberté d'action combinée à une plus grande responsabilité de la part des agents publics en matière de gouvernance et de résultats sur le moyen terme. Pour Belkacem Aït Saâdi, ex-directeur général de l'Inspection générale des finances (IGF), actuellement conseiller auprès du ministère des Finances, «ce Forum, premier du genre en Algérie, a convié les hauts fonctionnaires et décideurs publics à débattre du thème de la performance dans les grandes administrations publiques algériennes, avec la préoccupation de croiser les regards d'experts étrangers et de spécialistes algériens», a-t-il indiqué en marge de la rencontre. Par ailleurs, ce responsable a indiqué que l'exercice 2012 verrait la mise en oeuvre progressive de cette réforme visant à aller vers des budgets sectoriels pluriannuels. Les spécialistes en la matière affirment durant les quatre tables rondes conçues à cet effet, que «le temps des gestionnaires téléguidés est révolu». Ainsi, chaque dinar dépensé sera comptabilisé d'autant qu'aujourd'hui, les exigences commerciales exigent des résultats, «et rien que de bons résultats». Ces nouvelles formes de gestion ne représentent pas une invitation pour la transgression des textes de loi? «Aucunement», proteste M.Aït Saâdi. «On ne demande pas aux gestionnaires de violer la loi, on leur demande de gouverner et de prendre des bonnes décisions là où il y a des vides juridique.» Le gestionnaire algérien, justement, est-il préparé pour ce genre d'opération? «La performance dans la réforme budgétaire est une démarche qui prend le temps, c'est pour cela qu'on a fait appel au cabinet international Deloitte pour des consultations», souligne Ait Saâdi. Le conseiller du ministre explique que «la gestion algérienne doit bénéficier des expériences des autres pays développés afin d'éviter tout dérapage». Concernant la modernisation en matière de ressources humaines, le conseiller du ministre affirme que «le contrôle va connaître, incessamment, des transformations». Selon ses dires, les agents de l'IGF vont passer du «contrôle usuel à celui d'experts» et un programme leur a été tracé.