Pour le grand argentier du pays, les citoyens vont voir où va l'argent de l'Etat avec la mise en œuvre de cette réforme. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, veut une “rupture” avec la politique des budgets des moyens et sa substitution par la politique de la budgétisation des programmes. Autrement dit, l'institution d'une politique de résultat et de contrôle dans la gestion budgétaire publique en vue d'aboutir à une gestion transparente des finances publiques. C'est la nouvelle réforme qu'il a défendue, hier, tout au long du premier forum sur la gestion budgétaire organisé à l'hôtel Sheraton d'Alger par Deloitte, spécialisé dans l'audit et le consulting. Ce forum tenu en présence d'un important parterre d'experts nationaux et internationaux, spécialisés dans la performance en entreprise, a vu la participation du DG des douanes, Mohamed Bouderbala, ainsi que de hauts fonctionnaires en charge de la gestion budgétaire au sein des ministères et administrations. “C'est quelque chose de nouveau en ce sens qu'il s'agit de réaliser rapidement une transformation du mode de gestion budgétaire et la rupture avec un système basé sur la promotion de la culture du résultat.” De cette façon, dira le membre du gouvernement, “on répondra aux attentes du Parlement et des citoyens concernant la transparence de la gestion des dépenses publiques.” En ce sens que “les citoyens verront où va l'argent et les gestionnaires devraient assumer une plus grande responsabilité dans cette gestion des finances publiques”, note-t-il encore. Dans ce cadre, le ministre des Finances expliquera qu'il ne s'agit pas d'“évaluer les institutions publiques qui sont, elles, d'intérêt général, mais bien d'asseoir une gouvernance budgétaire pour une meilleure gestion des dépenses publiques.” À cet égard, le ministre donnera quelques précisions : “La mission de contrôle de ces dépenses publiques sera renforcée grâce à une transparence dans les résultats.” Concrètement parlant, il sera question d'une évaluation de la performance de cette gestion à travers des indicateurs bien définis. Le projet de loi organique relatif aux lois de finances, représente le principal aspect constituant un axe essentiel dans la réforme de l'Etat, note le membre du gouvernement qui précise que “le sous-bassement juridique de cette réforme budgétaire sera accompagné d'une refonte du mode de gestion du budget de l'Etat par une approche novatrice dans la gestion publique et la mise en place d'une gouvernance budgétaire basée sur la culture de résultat et de performance dans la gestion des dépenses de l'Etat.” Il expliquera dans le même temps que “l'ensemble de ces aspects doit être piloté par un système d'information performant afin de permettre aux fonctionnaires d'avoir une meilleure maîtrise des outils de gestion du budget de l'Etat.” La liberté d'action du fonctionnaire associée à une plus grande responsabilité de la part des agents publics en matière de gouvernance et de résultats à long terme, note le ministre. Interrogé en marge de la rencontre avec un responsable du ministère, Belkacem Aït Saâdi en l'occurrence, notera que “l'exercice 2012 verrait la mise en œuvre progressive de cette réforme visant à aller vers des budgets sectoriels pluriannuels. Les dispositifs juridiques, techniques et humains nécessaires pour l'accompagnement de ce processus seront mis en place d'une façon progressive.” Et de noter qu'il “faudrait au moins entre 3 à 4 exercices pour mener à terme ce processus en fonction de la performance du système d'information mis en place.” Il faut dire, en outre, qu'à l'occasion de ce forum, plusieurs spécialistes et experts dans la gestion de l'entreprise se sont succédé à la tribune pour développer leur optique en matière d'évaluation des performances et de son rapport avec la gestion budgétaire. Il faut dire à ce sujet que quatre tables rondes sont prévues lors de cette journée et seront consacrées à la loi organique relative aux lois de finances, au cadre de contrôle de la dépense publique et aux expériences de réformes budgétaires conduites dans d'autres pays, ainsi qu'au rôle et à la place des systèmes d'information dans les grands projets de transformation financière et budgétaire.